Un mois après son quatrième essai nucléaire, la Corée du Nord a lancé, ce dimanche 7 février une fusée de longue portée, sur ordre du dictateur Kim Jong-un.
Pyongyang s’est félicitée de la réussite du tir, présenté comme le lancement d’un satellite. Une explication qui ne convainc pas la communauté internationale. La réussite de cette mission spatiale n’a en effet pas été confirmée. L’expéricence a donc toutes les apparences d’un test de missile balistique.
Un régime mégalomaniaque
Pour les Etats-Unis, cette opération traduit clairement la volonté de Pyongyang de mettre au point des armements capables de frapper le territoire américain. Une perspective qui inquiète Washington, au point que le Pentagone a immédiatement engagé des pourparlers avec la Corée du Sud en vue du déploiement d’un système de défense antimissile dans la péninsule. Les Nations unies ont de leur côté convoqué en urgence le Conseil de sécurité, pour répondre à la menace représentée par la dictature de Kim Jung-un.
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Une fois de plus, «ce régime tient une rhétorique agressive et mégalomaniaque», explique le spécialiste de la prolifération nucléaire François Géré. Pour le chercheur, ce lancement a un double objectif : d’une part, améliorer les compétences techniques du pays, de l’autre, montrer qu’il dispose d’un pouvoir de nuisance important. «La Corée du Nord pense que le monde entier la menace», précise en effet le spécialiste des régimes communistes Pierre Rigoulot.
La France dénonce avec fermeté la nouvelle violation par la Corée du Nord des résolutions du conseil de sécurité pic.twitter.com/mkmuazxKHa
— Élysée (@Elysee) 7 Février 2016
Elle s’emploie donc à mettre en place une force de dissuasion significative, et n’hésite pas à menacer explicitement ses rivaux. «Si une nouvelle guerre éclate en Corée, elle engendrera un désastre nucléaire massif et les Etats-Unis ne seront jamais indemnes», avait ainsi déclaré Kim Jong-un en 2014, un an après avoir menacé de transformer Séoul en «mer de feu».
Une agressivité de façade ?
Cette stratégie dissuasive ne signifie toutefois pas que Kim Jong-un soit prêt à passer à l’offensive. Comme le souligne François Rigoulot, «si la dissuasion marche avec quelques bombes nord-coréennes, elle fonctionne encore mieux avec les centaines de bombes américaines». Pour la Corée du Nord, attaquer les Etats-Unis serait l’assurance d’être anéantie. Et l’état de sa technologie ne lui permet pas de miniaturiser une bombe nucléaire pour la placer à la tête d’un missile.
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Mais comme le rappelait en janvier dans Foreign Policy l’expert américain Jeffrey Lewis, Pyongyang «ne va pas se satisfaire de ses quelques bombes artisanales et tourner son attention vers autre chose». En poursuivant ses recherches, il est probable qu’elle puisse faire dans quelques années ce qu’elle ne peut faire aujourd’hui.