Un tribunal de Jérusalem a condamné jeudi un jeune Israélien à perpétuité et un autre à 21 ans de prison pour le meurtre d'un adolescent palestinien brûlé vif en 2014, un crime qui avait contribué à l'escalade menant à la guerre de Gaza.
Le verdict dans cette affaire qui a profondément marqué l'opinion palestinienne était très attendu dans un climat de violences renouvelées. Jérusalem a été le théâtre mercredi d'un attentat qui a ravivé les craintes d'un embrasement. Les forces israéliennes ont totalement bouclé jeudi la petite ville de Cisjordanie occupée d'où venaient les trois Palestiniens qui ont tué une garde-frontière de 19 ans et en ont blessé une autre avant d'être abattus.
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La série des attaques qui ne connaît pas de répit depuis plus de quatre mois s'est poursuivie jeudi: deux adolescentes arabes israéliennes ont poignardé et légèrement blessé un agent de sécurité près de la gare routière de Ramleh (ouest d'Israël) avant d'être arrêtées, selon la police israélienne.
Dans ce contexte, trois juges ont prononcé leur verdict contre deux des trois Israéliens accusés d'avoir enlevé et assassiné Mohammad Abou Khdeir, 16 ans, le 2 juillet 2014 à Jérusalem-Est.L'un des deux a été condamné à la perpétuité, la plus lourde peine possible, l'autre à 21 ans parce que, selon les magistrats, il était resté dans la voiture dans les derniers instants fatals à Mohammad Abou Khdeir.
Les noms des deux accusés, issus de familles ultra-orthodoxes juives, ont été gardés secrets parce qu'ils étaient âgés de 16 ans et donc mineurs au moment des faits.
"Il ne méritait pas ça"
Tous les regards sont à présent braqués sur la décision de la cour à l'encontre du seul majeur, Yosef Haim Ben David, qui passe pour l'instigateur du crime. Elle doit d'abord se prononcer sur sa santé mentale. Une audience est prévue le 11 février.
La mère de Mohammad Abou Khdeir, Souha, a éclaté en sanglots et en cris à l'annonce du verdict dans la petite salle d'audience pleine à craquer, parce que l'un des accusés n'avaient pas reçu la peine maximale. "C'est la vie de Mohammad dont on parle. Il ne méritait pas ça. Nous ne dormons plus la nuit. Comment pouvons-nous retrouver le sommeil après ça?", s'est-elle lamentée.
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Au même moment, les forces israéliennes verrouillaient Qabatiya, ville d'origine de trois Palestiniens de 19 et 20 ans auteurs de l'attentat de la veille à Jérusalem. "Qabatiya est bouclée. L'armée et le Shin Beth (la sécurité intérieure) procèdent à de nombreuses arrestations", a annoncé le Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem en se rendant au chevet de l'une des policières blessées mercredi. "Nous avons révoqué de nombreux permis (de travail de Palestiniens) en Israël. Le procureur général m'a informé hier qu'il avait ajouté un certain nombre de maisons de terroristes à la liste des maisons à sceller et à démolir", a-t-il ajouté. L'armée israélienne a mené dans la nuit à Qabatiya une vaste opération ponctuée de heurts avec les habitants.
"Important signal d'alerte"
Une dizaine de personnes, des proches et des connaissances des trois assaillants, ont été interpellées, selon la police palestinienne. Qabatiya avait été particulièrement agitée lors des première et deuxième Intifadas. Plusieurs de ses habitants sont morts dans les violences qui secouent les Territoires palestiniens et Israël et qui ont fait 164 morts palestiniens, 26 israéliens, un américain et un érythréen depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. La majorité des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d'attaques.
A la différence de la grande majorité des attaques, celle de mercredi impliquait non pas un Palestinien armé d'un couteau et agissant isolément, mais trois hommes également armés de deux pistolets mitrailleurs et d'engins explosifs qui n'ont pas détoné.
Cet attentat "représente un important signal d'alerte. On n'est plus dans l'acte spontané, dans l'amateurisme", a averti le quotidien Maariv, tandis que Yedioth Ahronoth évoquait un "tournant dans l'actuelle vague de terrorisme".
Au cours des derniers mois, le gouvernement a réagi en déployant massivement des renforts, en accélérant les démolitions punitives, en arrêtant des centaines de Palestiniens ou en conservant les dépouilles des auteurs d'attaques. M. Netanyahu est toutefois limité dans son action par les réserves de ses généraux qui s'opposent à tout châtiment collectif qui risquerait d'aviver encore les tensions.