Economie, diplomatie et écologie sont au menu du voyage de trois jours du président français chez un des partenaires incontournables.
C’est un géant qu’il faut savoir séduire. François Hollande est arrivé dimanche en Inde pour une visite de trois jours qui doit s’achever mardi. Ce deuxième voyage sur place depuis le début de son mandat intervient moins d’un an après la venue du Premier ministre Narendra Modi en France, en avril 2015. Il confirme une relation particulière entre les deux pays qui s’inscrit dans le «partenariat stratégique» signé en 1998, et qui s’illustre aussi bien dans les domaines économiques que diplomatiques.
Le Premier Ministre d'Inde @NarendaModi a accueilli le président @fhollande à Chandigarh https://t.co/od0UutwH1X #Vine
— Élysée (@Elysee) 24 Janvier 2016
Pour l’accompagner en Inde, François Hollande a convié une cinquantaine de chefs d’entreprises bien décidés à traiter avec la troisième économie d’Asie, et sa croissance supérieure à 7%, qui pourrait ravir à la Chine la place de première puissance économique mondiale d’ici à 2050. Dès son arrivée, il a fixé un objectif de «un milliard de dollars par an d’investissements supplémentaires en Inde venant d’entreprises françaises». Parmi les secteurs privilégiés : l’aérospatiale, l’automobile, les transports ferroviaires ou encore les énergies renouvelables. «Construire avec l’Inde le monde de l’après-carbone» est le défi lancé par le président Hollande. L’Inde ambitionne notamment de devenir la première puissance solaire d’ici à 2020.
Le contrat de vente des 36 Rafale, commandés il y a près d’un an, devrait également être au coeur des discussions, même si le président a fait savoir que rien ne devrait être signé. Pour Paris, il s’agit de fournir une armée qui devrait représenter dans quelques années le deuxième budget militaire mondial (derrière les Etats-Unis). La situation géographique de l’Inde, puissance nucléaire voisine du Pakistan, de l’Afghanistan, et à quelques encablures du Moyen-Orient, en fait en effet un pays confronté tous les jours au terrorisme et, de fait, acteur de choix sur la scène internationale. Un rôle qu’elle a toutefois du mal à assumer. «L’Inde est à la fois confiante et patiente, elle compte sur son ‘soft power’ pour s’imposer», explique Jean-Joseph Boillot, conseiller au CEPII et auteur de Chindiafrique (éd. Odile Jacob).
Des problèmes internes à régler
Selon le cabinet PwC, l’Inde devrait devenir la troisième puissance économique mondiale d’ici à 2030. Mais certains défis -des «problèmes internes de développement», selon Jean-Joseph Boillot- devront toutefois être relevés pour y arriver. Le pays, bientôt fort de plus d’un milliard d’habitants, souffre d’un vrai problème d’éducation. Près de 40 % de la population serait en effet illettrée.
Le système de santé est lui aussi défaillant, et surtout très déséquilibré selon les régions. Une situation qui mène à une espérance de vie de seulement 66 ans (contre 76 en Chine). Enfin, l’Inde va très vite devoir faire face à un nouveau défi : l’exode rural. Dans les vingt prochaines années, la population urbaine va passer de 400 millions à 650 millions, avec toutes les conséquences économiques, sanitaires, ou environnementales que cela devrait impliquer.