L’entrée en vigueur de l’accord sur le nucléaire inaugure une nouvelle ère pour Téhéran, qui se replace sur le devant de la scène internationale.
«Une nouvelle page dans les relations de l’Iran avec le reste du monde.» C’est ainsi que le président Hassan Rohani a salué dimanche l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire, signé le 14 juillet dernier entre Téhéran et les grandes puissances.
We extended a hand of friendship & despite the challenges, conspiracies & doubts managed to open a new chapter in our relations w/ the world
— Hassan Rouhani (@HassanRouhani) 17 Janvier 2016
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a en effet confirmé que le pays avait respecté ses engagements, en réduisant le nombre de ses centrifugeuses et en envoyant à l’étranger son uranium faiblement enrichi. Les sanctions imposées au pays vont donc être progressivement levées, permettant la multiplication des interactions entre l’Iran et le reste du globe.
Des opportunités économiques
Pour l’Iran, c’est une période d’asphyxie économique qui touche à sa fin. Téhéran va pouvoir revenir sur le marché des transactions financières et exporter tout son pétrole (ses exportations étaient limitées à 50 % de la production). Des sources massives de revenus qui permettront de reconstruire l’économie, minée par une inflation record et un chômage massif (près de 30 % selon les estimations du FMI).
L’arrivée des investisseurs étrangers devrait aussi avoir un impact positif. Ceux-ci sont d’ailleurs nombreux, en Europe et aux Etats-Unis, à prospecter en Iran, et des contrats devraient être annoncés prochainement.
Pour les entreprises occidentales, l’ouverture du pays représente d’importantes opportunités. «Pour un pays comme la France, c’est très intéressant», explique Thierry Coville, chercheur à l’Iris : «Ils veulent des avions, des aéroports, des locomotives, et nous avons les entreprises pour ça.»
Au-delà de cet aspect économique, il s’agit également d’une victoire diplomatique pour l’Iran, qui redevient un acteur incontournable après avoir été longtemps tenu à l’écart des négociations internationales, notamment sur la Syrie. Hassan Rohani s’est toutefois voulu rassurant, affirmant que «les amis de l’Iran sont contents et ses adversaires ne doivent pas être inquiets».
Des inquiétudes au Moyen-Orient
Ce retour de Téhéran sur le devant de la scène ne fait pas l’unanimité. Les monarchies pétrolières du Golfe se méfient de l’arrivée d’un nouvel acteur sur le marché des hydrocarbures, alors que les prix sont déjà bas.
Riyad craint aussi la montée en puissance politique de Téhéran, alors que les deux puissances se disputent le leadership dans la région. «La pétromonarchie redoute que l’Iran ne se serve de ses avoirs dégelés pour renforcer son soutien à ses alliés, comme le Hezbollah, les Houthis au Yémen ou le régime syrien», explique Armin Arefi, spécialiste de l’Iran et auteur de Dentelles et tchador (éd. Pocket).
Le retour de l'Iran sur le marché du pétrole inquiète les pays du Golfe https://t.co/lXHdIBfK6B via @itele pic.twitter.com/n0UDgqPzGV
— Germain Bour (@BourGermain) 17 Janvier 2016
De son côté, Israël est opposé depuis le début du processus à la levée des sanctions. Benyamin Netanyahou a réaffirmé que l’Etat hébreu «ne permettrait pas à l’Iran de se doter de l’arme nucléaire», accusant Téhéran de ne pas avoir abandonné cette ambition.