La police indonésienne était en alerte maximale vendredi, au lendemain d'attentats meurtriers dans le centre de Jakarta revendiqués par Daesh et dont plusieurs assaillants abattus ont été identifiés alors que les investigations se poursuivent.
Cinq individus avaient déclenché des attaques à l'aide d'explosifs et d'armes à feu, semant le chaos pendant plusieurs heures dans le quartier de Thamrin qui abrite des centres commerciaux, des gratte-ciel et les bureaux de plusieurs agences de l'ONU ainsi que des ambassades, notamment celle de France. Deux civils sont morts, et les cinq assaillants pour certains kamikazes ont été tués.
Quatre assaillants impliqués dans ces attaques ont été identifiés, a indiqué lors d'une conférence de presse un porte-parole de la police nationale, Anton Charliyan, refusant de décliner leur identité. Il a ajouté que des preuves de liens apparents avec Daesh avaient été découvertes lors d'une perquisition dans la maison de l'un des suspects, sans autres détails.
Outre les deux deux civils tués, un Canadien et un Indonésien, 24 personnes ont été blessées, parmi lesquelles trois étrangers et six policiers indonésiens, selon la police.
Soutien de l'armée
Au lendemain des premiers attentats majeurs en Indonésie depuis plus de six ans, les forces de l'ordre sont en état d'alerte dans tout l'archipel d'Asie du Sud-Est. «La police nationale est à son plus haut niveau d'alerte, en particulier dans les zones considérées comme des cibles pour des actes terroristes, tels des postes de police, des bâtiments publics, des ambassades, avec le soutien de l'armée», a déclaré Anton Charliyan.
Il n'a pas précisé le rôle de l'armée, mais des journalistes de l'AFP ont vu passer un convoi de plusieurs véhicules militaires remplis de soldats lourdement armés dans le centre de Jakarta, ainsi que des policiers équipés de gilets pare-balle patrouillant dans les rues. Un véhicule de police et six agents étaient postés devant le bâtiment abritant l'ambassade de France, proche du centre commercial Sarinah et du café Starbucks visés jeudi par les assaillants.
Plusieurs opérations de police sont prévues vendredi dans le cadre de l'enquête sur les attentats, a indiqué Anton Charliyan, sans préciser qui serait visé par les raids des forces de l'ordre.
Un groupuscule lié à Daesh soupçonné
La police soupçonne l'extrémiste islamiste indonésien Bahrun Naim d'avoir participé à la planification des attaques. Naim, qui se trouverait en Syrie, est selon la police un membre fondateur de Katibah Nusantara, groupuscule de combattants d'Asie du Sud-Est en Syrie, où Daesh contrôle de vastes territoires. Ce groupuscule, qui comprendrait aussi des ressortissants malaisiens et d'autres pays de la région partis faire le jihad, a menacé depuis plus d'un an que des attaques auraient lieu chez eux, selon des experts.
Daesh a revendiqué les attaques de Jakarta en indiquant que plusieurs engins avaient «explosé concomitamment à des attaques par quatre soldats du califat avec des armes légères et des ceintures explosives» qui ont visé un groupe de citoyens de pays-membres de la «coalition croisée», à savoir l'alliance contre Daesh dirigée par les Etats-Unis.
La police indonésienne a relevé que les auteurs des violences à Jakarta avaient «suivi l'exemple des attentats de Paris», quand des islamistes liés à Daesh avaient tué 130 personnes dans des attaques coordonnées le 13 novembre dernier.
L'Indonésie, pays musulman le plus peuplé au monde, avait été précipité dans sa propre «guerre contre le terrorisme» par les attentats de Bali en 2002 (202 morts). Mais l'archipel n'avait pas connu d'attentats majeurs depuis ceux ayant fait neuf morts en juillet 2009 dans des hôtels de luxe à Jakarta.