Séoul a repris vendredi sa bruyante campagne de propagande à destination de la Corée du Nord en réaction au dernier essai nucléaire de Pyongyang, alors que Washington exhorte Pékin à davantage de fermeté à l'égard de son voisin.
La communauté internationale continue de chercher la meilleure réponse au défi lancé mercredi par la Corée du Nord, qui a affirmé avoir conduit un test réussi de bombe à hydrogène. En attendant ces représailles diplomatiques, la Corée du Sud a comme elle l'avait annoncé rallumé vendredi midi les puissants haut-parleurs installés à la frontière avec le Nord, et qui ont par le passé prouvé à quel point ils étaient efficaces pour irriter le régime le plus fermé au monde.
Ces haut-parleurs, relancés le jour du 32e anniversaire du leader nord-coréen Kim Jong-Un, diffusent un programme éclectique mélangeant de la musique pop, des bulletins météo, des informations et des critiques du régime nord-coréen. Cette méthode de guerre psychologique remonte aux années de conflit ouvert entre les deux camps (1950-53), quand des unités mobiles équipées de haut-parleurs se déplaçaient le long d'une ligne de front extrêmement mouvante. Elle peut paraître désuète mais est diablement efficace.
L'été dernier, dans un contexte de vives tensions intercoréennes, ces messages avaient rendu les Nord-Coréens furieux, Pyongyang allant jusqu'à menacer d'utiliser l'artillerie pour réduire ces haut-parleurs au silence. Séoul les avait finalement débranchés dans le cadre d'un accord fin août qui avait permis de stopper une escalade qui menaçait de dégénérer en conflit armé.
L'influence chinoise
L'annonce d'un nouvel essai nucléaire a suscité une cascade de condamnations internationales, bien que la plupart des experts doutent que l'engin testé ait été une bombe à hydrogène, comme le prétend Pyongyang. De nombreuses consultations diplomatiques ont été lancées, dans la foulée d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui a promis d'alourdir la panoplie de sanctions pesant déjà sur la Corée du Nord à la suite de ses précédents essais (2006, 2009 et 2013).
L'attention se focalise notamment sur le principal allié de Pyongyang, la Chine qui, si elle a condamné l'essai nucléaire, n'a pas encore montré qu'elle était prête à approuver un durcissement important des sanctions contre la Corée du Nord.
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Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a critiqué jeudi la stratégie chinoise en réclamant, en substance, plus de pression de Pékin sur Pyongyang. "La Chine a adopté une approche particulière qu'elle a voulu mettre en oeuvre et nous étions d'accord", a expliqué le chef de la diplomatie américaine après un entretien téléphonique avec son homologue chinois Wang Yi.
"J'ai dit très clairement que (cette approche) n'avait pas fonctionné et que nous ne pouvions pas continuer comme si de rien n'était", a poursuivi M. Kerry, en soulignant que "les Chinois ont une influence que personne d'autre n'a". Pékin, qui dispose d'un droit de veto à l'ONU, a fait pression par le passé pour limiter la portée de sanctions mais semblait s'impatienter ces derniers temps du refus de Pyongyang d'abandonner son programme nucléaire.
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De l'avis des spécialistes, la capacité d'action de Pékin est limitée par ses craintes de voir ce pays s'effondrer et naître à sa frontière une Corée réunifiée soutenue par les Etats-Unis. Le président américain Barack Obama s'est entretenu jeudi avec les dirigeants des deux principaux alliés de Washington dans la zone, la Corée du Sud et le Japon. Les trois pays se sont mis d'accord pour travailler ensemble à l'ONU pour obtenir du Conseil de sécurité la résolution la plus forte possible.
De son côté, la Corée du Nord est demeurée quasi muette depuis l'annonce mercredi qu'elle avait rejoint "les rangs des Etats nucléaires avancés". L'acquisition d'une bombe H opérationnelle, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire, serait un énorme pas en avant pour Pyongyang. Mais les spécialistes ont jugé bien trop faible l'énergie dégagée par l'explosion, estimée initialement entre six et neuf kilotonnes.