Sans aucune salle de cinéma fonctionelle dans le pays, les fans haïtiens de Star Wars se désespèrent alors que des millions de spectateurs à travers le monde ont déjà pu découvrir le septième épisode de la série culte.
"C'est une situation qui me désole particulièrement", témoigne Vladimir Désir, 30 ans, fan de la saga galactique. "Je vais peut-être devoir attendre cinq ou six mois pour qu'on le diffuse à la télévision car, en tant que fan de Star Wars, je ne veux pas regarder une version pirate de mauvaise qualité," explique ce cinéphile. Face à un piratage généralisé, les dernières salles de cinéma ont fermé en 2009 en Haïti, faute de rentabilité.
Dans le pays de la Caraïbe, même la chaîne de télévision publique diffuse parfois des films qui sont toujours à l'affiche à l'étranger. "C'est un problème réel que je regrette à titre personnel mais aussi pour tous les citoyens", assure Emelie Prophète, la directrice du bureau haïtien du droit d'auteur (BHDA). "Le problème du piratage n'est pas spécifique à Haïti mais des DVD pirates sont en vente jusque devant le palais présidentiel et les autres institutions étatiques," se désole l'écrivain et grande amatrice des salles obscures.
Un cinéma, mais pas de projections
Un regain d'espoir avait gagné les cinéphiles haïtiens avec la rénovation du ciné-théâtre Triomphe, fermé depuis près de trente ans et très endommagé par le séisme de 2010. Mais depuis sa réouverture en juin, l'établissement n'a réalisé qu'une poignée de projections de production nationale. "Nous avons une éclaircie avec le Triomphe, qui va commencer à avoir une programmation régulière d'ici les prochaines semaines mais avec des films haïtiens," annonce Emelie Prophète. "Mais voir Star Wars au Triomphe, j'en doute", conclut la directrice du BHDA.
En attendant de connaître la suite des aventures de la princesse Leia, de Luke Skywalker et Han Solo, l'extrême vigilance est de mise pour les aficionados haïtiens de la saga créée par George Lucas. "Sur internet, j'évite de lire les articles ou les commentaires sur le film," explique Vladimir. "Cela me contrarie mais je me suis habitué", dit-il. "Ca serait quand même orgasmique de revoir en Haïti un film dans une salle, avec le générique, le son et tout".