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Législatives en Espagne : Ciudadanos et Podemos changent la donne

Mariano Rajoy lors d'un meeting le 18 décembre 2015 à Madrid  [CESAR MANSO / AFP] Mariano Rajoy lors d'un meeting le 18 décembre 2015 à Madrid [CESAR MANSO / AFP]

L'Espagne s'apprête à réaliser un grand saut vers l'inconnu dimanche lors d'élections législatives marquées par l'arrivée des nouveaux partis Ciudadanos et Podemos et la fin d'une ère de confortable bipartisme qui lui garantissait une stabilité politique.

"Ya hemos ganado" ("On a déjà gagné"), aiment dire les partisans de Podemos (gauche radicale) et de Ciudadanos (centre-droit). Tous en sont sûrs. Au lendemain du scrutin de dimanche -- entre 9h00 et 20h00 (8h00-19h00 GMT) -- les formations traditionnelles, "la vieille politique", devront composer et écouter leur exigence de régénération démocratique, de transparence et d'honnêteté.

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Selon les sondages, le Parti populaire (PP) du président sortant Mariano Rajoy, largement majoritaire en 2011 avec 45% des voix, aurait quelques points d'avance, mais sans dépasser les 30%. Avec un parlement morcelé, le vainqueur aura du mal à former un gouvernement.

Loin derrière le PP, le Parti socialiste (PSOE) n'est pas sûr de garder sa deuxième place, peinant à dépasser les 20% et talonné par Podemos et Ciudadanos.

Rouge et bleu : le PSOE et le PP alternaient jusque-là au pouvoir, relativement cordialement. Le royaume d'Espagne, après avoir étouffé une tentative de coup d'Etat en 1981, a vécu 21 ans de socialisme, de 1982 à 1996, avec Felipe Gonzalez, puis José Luis Rodriguez Zapatero (de 2004 à 2011), et douze ans avec la droite menée par José Maria Aznar (1996 à 2004) et Mariano Rajoy depuis 2011.

Principaux candidats des législatives en Espagne [Esther Sanchez, Sabrina BLANCHARD / AFP]
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Principaux candidats des législatives en Espagne

Mais l'explosion de la bulle immobilière, la crise financière, les douloureuses politiques d'austérité, un taux de chômage qui s'envolait (jusqu'à 27% en 2013), ont représenté un cocktail explosif.

Dans la rue, il s'est traduit par un premier cri de ralliement des manifestants "indignés", en 2011 : "No nos representan". "Ils ne nous représentent pas".

Depuis, le chômage a reflué, mais touche encore un actif sur cinq, et les nouveaux emplois sont très précaires. La croissance, qui a repris, n'est pas encore ressentie par tous et peu chez les jeunes, alors qu'encore la moitié des 16-24 ans sont sans travail.

Mais l'indignation des milliers de manifestants des années 2011 et 2012 a trouvé une expression politique: le nouveau parti anti-austérité Podemos, dirigé par Pablo Iglesias, 37 ans. Fondé début 2014, son ascension rapide a prouvé qu'il y avait de la place pour d'autres couleurs politiques : le violet de Podemos.

Albert Rivera en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid  [PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP]
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Albert Rivera en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid

Puis, un peu plus tard l'orange de Ciudadanos, dirigé depuis 2006 par un autre trentenaire, l'avocat Albert Rivera, qui a commencé à émerger fin 2014 au niveau national.

"La corruption a toujours existé, mais personne n'avait osé imposer des limites aux grands partis", expliquait vendredi soir, lors du meeting de clôture de Ciudadanos à Madrid, une sympathisante enthousiaste de 30 ans, Vanessa Gonzalez, comptable, qui n'avait pas voté en 2011 mais semble certaine de le faire cette fois.

Le même soir, à Valence, des dizaines de milliers de personnes en liesse acclamaient Pablo Iglesias, professeur de Sciences politiques de 37 ans qui porte les cheveux longs en queue de cheval, allié du Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Pablo Iglesias en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid  [JOSE JORDAN / AFP]
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Pablo Iglesias en meeeting le 18 décembre 2015 à Madrid

"Il y a des décennies pendant lesquelles très peu de choses arrivent et parfois des mois ressemblant à des décennies", a-t-il hurlé en plaidant pour un gouvernement centré sur la défense des plus pauvres, contre l'Europe de "Mme (Angela) Merkel", la chancelière allemande.

Pour contrer les partis émergents, Mariano Rajoy, 60 ans, se concentre sur les plus âgés -- 11 millions d'électeurs, presque un tiers des 34,6 millions en Espagne, ont plus de 60 ans -- et plaide la "sécurité", la poursuite d'une gestion saine des finances publiques garantissant les retraites, en prévenant que les électeurs commettraient une énorme erreur s'ils choisissaient les "expérimentations".

Les premiers résultats sont attendus vers 22h30, a annoncé le gouvernement.

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