Durant la conférence sur le climat, la Chine doit réussir à convaincre de sa bonne volonté, tout en motivant les autres pays en développement.
L’Empire du milieu est au centre des discussions. Lundi dernier, à Paris, s’est ouverte la 21e conférence des Nations Unies sur le climat, COP21, qui fermera ses portes le 11 décembre. Paradoxalement, au même moment, une grande partie de la Chine était recouverte d’un épais manteau gris, rendant le jour aussi sombre que la nuit.
Pas de brouillard, mais une pollution aux particules fines qui a déclenché une «alerte orange», le niveau le plus important du pays en la matière, dans la plupart des grandes métropoles. Une coïncidence qui n’avait rien de surprenante tant la Chine est sujette depuis quelques années à une pollution record. Le premier pollueur du monde est donc autant attendu par ses partenaires que par ses habitants.
Des annonces concrètes
A elle seule, la Chine produit un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. La principale raison : une consommation basée essentiellement sur les énergies fossiles (plus de 70% de l’électricité). Pékin est en effet le plus grand producteur et consommateur de charbon au monde. Une position qu’il entend toutefois faire évoluer. Ce mercredi, le gouvernement a annoncé son souhait de moderniser d’ici à 2020 ses centrales au charbon, afin de diminuer leurs émissions polluantes de 60%. A terme, cela devrait permettre d’éviter le rejet d’environ 180 millions de tonnes de CO2 chaque année.
Lundi, le président Xi Jinping a fait savoir que les énergies renouvelables représenteraient en 2030 «quelque 20 % de notre mix énergétique». Mais si la Chine entend agir pour la planète, elle le fait aussi pour elle. Chaque année, la pollution tue 4 000 Chinois par jour, estime une récente étude de l’Université de Berkeley (Etats-Unis). Une autre étude assure que si la hausse des températures n’est pas limitée à 2° C, comme y travaillent les acteurs de la COP21 plusieurs métropoles, dont Shanghai, se retrouveraient les pieds dans l’eau.
Un rôle déterminant
Dans cette COP21, la Chine joue malheureusement sur deux tableaux. Aux côtés des Etats-Unis ou de la France en tant que deuxième puissance économique, elle est aussi le fer de lance des pays en voie de développements. C’est ainsi que le président Xi Jinping a appelé lundi les pays développés à «assumer leurs engagements» à financer les politiques climatiques du Sud.
Certains pays émergents, en particulier l’Inde, ne souhaitent pas que la lutte contre le réchauffement climatique aille à l’encontre de leur croissance et réclament une «justice climatique». Le rôle d’arbitre de la Chine sera donc déterminant dans les négociations, comme il l’avait été, de manière négative, lors de l’échec de la COP15 de Copenhague, en décembre 2009, que les grandes puissances ne veulent pas revivre.