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Etat d'urgence et deuil national au Mali

Les corps de victimes de l'attaque de l'hôtel Radisson, évacués le 20 novembre 2015 à Bamako [HABIBOU KOUYATE / AFP] Les corps de victimes de l'attaque de l'hôtel Radisson, évacués le 20 novembre 2015 à Bamako [HABIBOU KOUYATE / AFP]

Le gouvernement malien a annoncé un deuil national de trois jours et l'état d'urgence pour 10 jours à compter de vendredi minuit, après l'attaque sanglante d'un hôtel international ayant fait 27 morts à Bamako, revendiquée par un groupe jihadiste.

L'attaque avec prise d'otages, qui s'est terminée par l'intervention de forces maliennes et étrangères, survient une semaine après les attentats meurtriers à Paris, qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés et que le groupe jihadiste Daesh a revendiqués.

A Bamako, 27 otages ont péri, selon une source militaire malienne. Parmi eux figurent un ressortissant américain, un haut fonctionnaire belge de la Fédération Wallonie-Bruxelles en mission à Bamako et trois ressortissants chinois, ont annoncé leurs pays respectifs. Quant aux assaillants, "le dernier bilan est d'au moins trois terroristes tués ou qui se sont fait exploser", a affirmé la source militaire, estimant que leur nombre total ne dépassait pas quatre.

Prise d'otages à Bamaoe [V. Breschi/P. Defosseux, pld / AFP]
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Prise d'otages à Bamaoe
 

Dans la soirée, Al-Mourabitoune, le groupe du chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar, a revendiqué l'attaque dans un document sonore à la chaîne qatarie Al-Jazeera : "Nous les Mourabitoune, avec la participation de nos frères (...) d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, revendiquons l'opération de prise d'otages à l'hôtel" Radisson Blu de Bamako.

Des forces spéciales françaises venues de Ouagadougou, au Burkina Faso voisin, ont participé aux opérations, "en assistance des forces maliennes", a expliqué vendredi soir le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. A la mi-journée, la France, qui intervient militairement au Mali depuis janvier 2013, avait également envoyé une quarantaine de membres du Groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au Mali. Sont également intervenus des membres de la Minusma (mission des Nations unies au Mali) et des militaires américains.

Des soldats maliens en position devant l'hôtel Radisson Blu où 170 personnes sont prises en otages par deux assaillants, le 20 novembre 2015 à Bamako, au Mali [Sebastien RIEUSSEC / AFP]
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Des soldats maliens en position devant l'hôtel Radisson Blu où 170 personnes sont prises en otages par deux assaillants, le 20 novembre 2015 à Bamako, au Mali
 

Immédiatement après la fin de l'assaut, le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, qui a écourté son séjour au Tchad où il était pour un sommet des cinq pays du Sahel, a salué sur son compte Twitter "le professionnalisme des forces de défense et de sécurité du Mali et remerci(é) les pays amis pour leur assistance".

L'attaque du Radisson Blu, prisé de la clientèle internationale, a débuté autour de 07H00 GMT et a duré neuf heures. Les assaillants sont entrés dans l'enceinte de l'hôtel au même moment qu'une voiture munie d'une plaque diplomatique. Les assaillants "parlaient anglais entre eux", a affirmé à l'AFP le célèbre chanteur guinéen Sékouba Bambino Diabaté, évacué de l'établissement par des forces de sécurité.

A la télévision nationale malienne, un client africain de l'hôtel a dit s'être enfermé dans sa chambre après avoir entendu des tirs d'armes automatiques dans le couloir. Ensuite, a-t-il témoigné, "les forces maliennes sont venues nous récupérer. Ils ont frappé à nos portes pour dire que +c'est la sécurité+. On était un petit groupe, ils nous ont évacués par les escaliers".

L'Algérien Mokhtar Belmokhtar, le 17 janvier 2013 [HO / ANI/AFP/Archives]
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L'Algérien Mokhtar Belmokhtar, le 17 janvier 2013
 

Dans la matinée, le groupe hôtelier Rezidor, qui gère le Radisson Blu, situé dans l'ouest de la ville, avait parlé de 140 clients et 30 employés dans l'établissement au moment de l'attaque. Des étrangers d'au moins 14 nationalités faisaient partie des quelque 140 clients, selon le ministère de la Sécurité intérieure et les autorités ou employeurs des pays concernés: Algérie, Allemagne, Belgique, Canada, Chine, Côte d'Ivoire, Espagne, Etats-Unis, France, Inde, Maroc, Russie, Sénégal et Turquie.

Cette attaque rappelle la prise d'otages du 7 août dans un hôtel à Sévaré (centre), qui avait fait 13 morts. Le 7 mars, le premier attentat anti-occidental meurtrier à Bamako, visant un bar-restaurant, avait coûté la vie à cinq personnes, dont un Français et un Belge. Il avait déjà été revendiqué par Al-Mourabitoune.

La compagnie aérienne Air France, qui a annulé tous ses vols à partir de et à destination de Bamako, faisait état de 12 employés logés dans l'établissement qui ont été mis "en lieu sûr". Selon le ministre français de la Défense, "il n'y aurait pas de Français" tué.

Des zones entières hors de contrôle des forces maliennes

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères. Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l'année vers le centre, puis le sud du pays.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a condamné vendredi "l’attaque terroriste odieuse" contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako. M. Ban s'est déclaré "préoccupé par le fait que ces attaques se tiennent à un moment où des progrès importants sont constatés dans le processus de paix" entre le gouvernement malien et l'ex-rébellion à dominante touareg du Nord (CMA), qui ont récemment validé un accord de paix. La CMA (Coordination des mouvements de l'Azawad), ainsi que les groupes armés pro-gouvernementaux (Plateforme), tous signataires de l'accord de paix, ont également condamné la tuerie de Bamako.

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