La Cisjordanie occupée a été le théâtre de violences sporadiques dimanche au lendemain de l'annonce de mesures d'apaisement centrées sur l'esplanade des Mosquées, épicentre de la montée des violences entre Palestiniens et Israéliens.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a annoncé samedi à Amman qu'Israël et la Jordanie, gardienne des lieux saints à Jérusalem, s'étaient mis d'accord pour coopérer à dissiper les tensions autour de l'esplanade.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a accepté l'idée jordanienne d'installer sur le site une vidéosurveillance 24H/24, a dit M. Kerry.
Aucune autre mesure concrète n'a été divulguée mais les responsables israéliens et ceux de la fondation islamique (Waqf) qui administre le site sous l'égide de la Jordanie vont bientôt se rencontrer pour renforcer la collaboration sécuritaire sur l'esplanade, a dit M. Kerry.
La question du contrôle et de l'accès à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme l'emplacement de leur ancien temple, passe pour un facteur primordial de l'escalade des violences commencée le 1er octobre.
Les affrontements quotidiens entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens, les agressions mutuelles permanentes entre Palestiniens et colons en Cisjordanie et une série d'attaques anti-israéliennes à l'arme blanche ont fait 53 morts Palestiniens et arabe israélien et huit morts israéliens. La moitié des Palestiniens tués sont des auteurs d'attentat.
Dimanche, un Palestinien a blessé sérieusement un Israélien au couteau dans une nouvelle attaque perpétrée au nord-est d'Hébron, près de la colonie israélienne de Metzad en Cisjordanie, avant de s'enfuir, a indiqué l'armée israélienne. Une Palestinienne qui menaçait des policiers israéliens avec un couteau à Hébron par ailleurs été blessée par balles, selon la même source.
Toujours en Cisjordanie, un Palestinien de 20 ans a été gravement blessé à l'arme à feu par un colon alors qu'il participait à la récolte des olives près du village de Saïr, non loin de Metzad, a indiqué de son côté la police palestinienne.
Le "rôle spécial" de la Jordanie
L'appel à défendre l'esplanade des Mosquées, symbole national et religieux intangible pour les Palestiniens, est le cri de ralliement de bien des Palestiniens dans la confrontation en cours, sur fond de lassitude face à l'occupation israélienne.
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L'esplanade est située à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée et occupée. Elle est sous la garde de la Jordanie pour des raisons historiques mais ses accès sont contrôlés les Israéliens.
Les Palestiniens et les Jordaniens accusent Israël de vouloir changer les règles (le "statu quo") qui régissent l'esplanade pour à terme la diviser entre juifs et musulmans. Le "statu quo" autorise les juifs à visiter l'esplanade à certaines heures mais pas à y prier.
M. Netanyahou s'est toujours défendu d'un tel projet, accusant la direction palestinienne et certains groupes de souffler sur les braises pour provoquer des heurts sur et autour d'un site potentiellement explosif.
La mobilisation de la communauté internationale, concentrée sur l'esplanade, a débouché sur l'annonce faite par M. Kerry.
"L'intérêt d'Israël"
Il a aussi rapporté différents engagements israéliens: "respecter pleinement le rôle spécial" joué par la Jordanie, maintenir le "statu quo", interdire aux non-musulmans de prier sur l'esplanade, ne pas la diviser et oeuvrer à une coordination accrue avec la fondation islamique qui administre le site.
L'installation de caméras "pourrait vraiment changer la donne et décourager quiconque de troubler le caractère sacré du lieu", a-t-il dit.
Ce dispositif "est dans l'intérêt d'Israël", a estimé M. Netanyahou dimanche, "d'abord pour réfuter l'allégation selon laquelle Israël viole le statu quo. Deuxièmement, pour montrer d'où viennent vraiment les provocations et pour les prévenir".
Samedi soir et dimanche, dans ce qui semble être le résultat concret des consultations diplomatiques récentes, M. Netanyahou a exprimé dans les termes les plus éloquents jusqu'alors son engagement à maintenir le "statu quo": "Les musulmans prient sur le mont du Temple (le nom donné par Israël à l'esplanade) les non-musulmans visitent le mont du Temple".
Reste à savoir dans quelle mesure ces dispositions et ces engagements impressionneront les jeunes palestiniens aux premières lignes d'un mouvement échappant largement au contrôle politique.
Les dirigeants palestiniens ont pour leur part réagi avec réserve. "Nous ne jugeons pas sur les mots mais sur les actes", a déclaré le numéro deux de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erakat.
Nabil Chaath, haut cadre du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, a estimé qu'"il n'y aura pas de calme sans horizon politique", c'est-à-dire un règlement négocié à l'un des plus anciens conflits de la planète.