Le président français François Hollande devrait saluer vendredi devant le Parlement grec l'"attachement radical à l'Europe" du Premier ministre grec Alexis Tsipras, lors de sa deuxième journée en Grèce, largement consacrée au renforcement du partenariat économique, scientifique et culturel entre Paris et Athènes.
L'intervention de M. Hollande, troisième président français à s'exprimer devant la Vouli, après le général de Gaulle en 1963 et Nicolas Sarkozy en 2008, est attendue à 12h00 heure locale (09h00 GMT). A un moment où "les velléités sécessionnistes", "les tentations populistes", menacent la cohésion européenne, le chef de l'Etat français devrait, selon son entourage, saluer dans cette enceinte le message qu'a délivré Alexis Tsipras en évitant la sortie de son pays de la zone euro.
Jeudi dès son arrivée, M. Hollande a rappelé les "décisions courageuses" prises par le chef du gouvernement grec, premier dirigeant européen de gauche radicale, qui a accepté en juillet un nouveau plan d'aide très contraignant de 86 milliards d'euros, que la Grèce respecte depuis quasiment à la lettre.
"Nous avons tout fait, la France et la Grèce (...) pour que la Grèce reste en Europe et que l'Europe soit solidaire de la Grèce. Et aujourd'hui encore, c'est le message que je vais continuer à porter", a aussi assuré le président français, plaidant pour "une renégociation", via "un report d'intérêts", de la dette d'Athènes, qui avoisine 200% du PIB du pays.
Il a aussi soutenu la demande des autorités grecques auprès de l'Union européenne d'une rallonge de 330 millions d'euros en 2016 pour faire face à l'afflux de migrants, qui ont été plus de 500.000 à arriver en Grèce depuis le mois de janvier.
Politiquement, M. Hollande devrait continuer à afficher vendredi sa proximité avec M. Tsipras, qui ne devrait pas le quitter d'une semelle vendredi.
Jeudi soir lors du dîner officiel, les deux hommes ont conversé intensément pendant près de deux heures, confiait le premier secrétaire du Parti socialiste français Jean-Christophe Cambadélis, un des parlementaires accompagnant M. Hollande.
Appel à "investir en Grèce"
En signe d'amitié, M. Hollande doit offrir à son hôte une édition originale d'un ouvrage de Jean Jaurès, figure historique de la gauche française, consacré à la Révolution française.
Avant de se rendre à la Vouli, M. Hollande entamera la journée par un petit déjeuner avec des chefs d'entreprises. Après un entretien avec le président grec Prokopis Pavlopoulos, il signera avec M. Tsipras un partenariat stratégique qui comprend un important volet de coopération dans le domaine de la réforme de l'administration, de la fiscalité, et de la gestion des actifs de l'Etat.
Il s'agit en particulier d'apporter l'expertise française pour lutter contre l'évasion fiscale, une plaie pour le pays, et encourager les retours de patrimoine.
M. Hollande devrait par ailleurs continuer à marteler son message encourageant les Français à investir en Grèce.
La France "est déjà le quatrième investisseur étranger en Grèce, plus d'une centaine entreprises y sont présentes" et "nous voulons qu'elles y investissent davantage", a déclaré jeudi M. Hollande, accompagné de quatre ministres : Najat Vallaud-Belkacem (Education), Michel Sapin (Finances), Fleur Pellerin (Culture) et Harlem Désir, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.
M. Hollande effectue sa deuxième visite en Grèce depuis celle de 2013 avec une poignée de dirigeants d'entreprises.
Parmi eux, plusieurs sont plutôt optimistes. Ainsi Thomas Brette, directeur général adjoint de Bic, qui a implanté en Grèce de sa plus grande usine de rasoirs. La crise n'a été qu'un "aléa temporaire". "Notre force, ce sont nos employés en Grèce qui ont continué à travailler encore plus fort pendant la crise", confiait-il jeudi soir.
Ou encore Eric Ghebali, directeur du développement international de Suez Environnement, pour qui "c'est le bon timing en ce moment" pour investir en Grèce.
Le partenariat scientifique, universitaire et culturel sera aussi au programme de la visite de M. Hollande, qui successivement déjeunera au musée de l'Acropole, sera fait Docteur Honoris Causa à l'université d'Athènes, et terminera sa journée en visitant le pôle de compétitivité Corallia, incubateur d'entreprises.