Le maréchal al-Sissi a su imposer ses volontés à l’intérieur du pays et comme à l’international. Mais il a pour cela muselé l’opposition.
Dans ce contexte, l’issue des législatives égyptiennes, qui se sont ouvertes ce dimanche et s’étalent sur un mois et demi, devraient sauf énorme surprise consacrer la mainmise de al-Sissi sur le pays. Depuis son élection, en mai 2014, le maréchal se place comme l’homme du renouveau égyptien. Mais ce plébiscite s’explique autant par les espoirs placés en lui par la population que par la quasi interdiction de toute forme d’opposition politique.
Economie et sécurité
Al-Sissi est arrivé au pouvoir après avoir destitué Mohamed Morsi et les Frères musulmans, au terme de plusieurs mois de manifestations populaires. Depuis, les Egyptiens voient en lui un sauveur, le seul capable de ramener la stabilité après trois années de crise sécuritaire et économique. C’est ainsi qu’il s’est placé comme unique rempart contre les jihadistes de Daesh. Un rôle qui lui assure une popularité au sein des frontières égyptiennes, et même au-delà. Depuis quelques mois, al-Sissi n’a eu de cesse de multiplier les contacts avec les pays occidentaux, qui, à l’image de la France, font de son pays un partenaire privilégié. «Il veut être reconnu et devenir un acteur régional incontournable, explique Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes et auteur du Tsunami arabe (Fayard).
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Et en l’absence des Etats-Unis, il s’est tourné vers la France.» Mais le maréchal al-Sissi compte également sur ses propres ressources pour replacer le pays sur l’échiquier mondial. En élargissant le canal de Suez (ce qui accroît le nombre de marchandises qui y transitent), le pays espère voir passer ses recettes de 5,5 milliards d’euros par an actuellement à environ 13 milliards d’euros d’ici à 2023. Des chiffres qui laissent espérer au gouvernement une croissance supérieure ou égale à 5 % pour l’année 2016 (un niveau pas atteint depuis 2010).
Une nouvelle dictature ?
Mais ce redressement annoncé de l’économie égyptienne reste fragile et, surtout, conditionné au soutien financier des pays alliés (les Mistral ont été achetés à la France grâce à de l’argent venu d’Arabie Saoudite). De plus, il se fait au détriment de certaines libertés. Car si le maréchal bénéficie d’une cote de popularité en hausse, c’est dû à une répression violente de toute opposition. Depuis la destitution de Morsi, condamné à mort en mai dernier, plus de 1 400 manifestants islamistes ont été tués pour avoir réclamé le retour de leur président. Et plus de 15 000 partisans des Frères musulmans ont été emprisonnés. Des restrictions de liberté tolérées par une population avide de meilleures conditions de vie. «Al-Sissi profite d’une dynamique qui peut durer encore deux ans, estime Antoine Basbous. Mais s’il n’y a pas de résultats…»