Les Etats-Unis se sont alarmés mercredi d'une poussée de l'antisémitisme en France et en Allemagne et ont fustigé la répression religieuse exercée par le groupe Daesh en Syrie et en Irak, dans un panorama annuel mondial sur les libertés religieuses.
Dans cet état des lieux sur la "Liberté religieuse" dans près de 200 pays, le département d'Etat américain met l'accent, pour l'année 2014, sur les acteurs non étatiques, comme Daesh accusé de "persécutions brutales" contre des minorités non musulmanes, telles que les chrétiens en Syrie ou en Irak.
"Aucune nation ne peut donner ce qu'elle a de mieux si sa population n'a pas le droit de pratiquer (...) et de professer ce à quoi elle croit profondément", a tonné le secrétaire d'Etat John Kerry en dévoilant à la presse le rapport de son ministère. "Nous espérons inciter les gouvernements à honorer la dignité religieuse de leurs concitoyens", a-t-il martelé, l'administration démocrate de Barack Obama étant très attachée à la défense des libertés religieuses et des droits de l'homme partout sur la planète.
Dans ce sombre tableau dressé chaque année à la sortie de l'été, la diplomatie américaine tacle toujours ses habituelles bêtes noires -- Chine et Iran -- pour leurs politiques "monstrueuses" de discriminations religieuses, mais s'en prend aussi à ses alliés arabes sunnites, comme la très conservatrice Arabie saoudite, et ses amis européens, comme l'Allemagne et la France.
Le département d'Etat relève ainsi qu'"à l'été 2014, la France et l'Allemagne ont été témoins d'une vague de sentiments contre Israël qui ont franchi la barre de l'antisémitisme".
La diplomatie américaine fait allusion aux manifestations, notamment à Paris, dirigées contre l'Etat hébreu et des juifs, à l'occasion de l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, à l'été 2014.
Le rapport, qui ne couvre que l'année passée, n'analyse pas les attentats parisiens de janvier 2015, notamment contre un supermarché casher, pour lesquels Washington avait déjà observé une "poussée de l'antisémitisme" en France.
"Critiquer la politique d'une nation (...) c'est justifié. Cela fait partie de la libre circulation des idées", a jugé l'ambassadeur américain pour les Libertés religieuses, David Saperstein.
Du "racisme" et de "l'antisémitisme"
Mais, a argumenté le diplomate, "la ligne est souvent franchie quand des groupes tentent de faire valoir qu'Israël serait de manière inhérente un Etat illégal, qu'il n'aurait pas le droit d'exister en tant qu'Etat juif".
M. Saperstein, dont le pays est depuis toujours l'allié indéfectible d'Israël et compte le plus grand nombre de juifs à l'étranger, ne décèle pas seulement un discours critique légitime contre l'Etat hébreu en Europe, mais bien plutôt du "racisme" et de "l'antisémitisme".
A tel point, prévient le rapport que cette "poussée de l'antisémitisme en Europe occidentale en 2014 soulève la question de la viabilité des communautés juives dans certains pays".
La France est le pays qui compte le plus grand nombre de juifs en Europe.
Les Etats-Unis y ont relevé une hausse de plus de 100% des actes antisémites entre 2013 et 2014 et un doublement du nombre de départs de Français juifs vers Israël.
Pour la première fois dans ce rapport sur "la liberté religieuse" dans le monde, les Etats-Unis s'alarment aussi de "la montée de groupes terroristes internationaux comme Daesh, Al-Qaïda, les shebab (en Somalie) et Boko Haram".
"Sous leur contrôle, leurs prisonniers ont le choix entre la conversion, l'esclavage ou la mort", a tonné John Kerry.
Sous la férule de Daesh notamment, "des groupes entiers appartenant à des minorités religieuses ont été la cible de tueries. Des jeunes filles ont été réduites en esclavage", a poursuivi le ministre.
En Irak, en particulier, "la communauté chrétienne est là-bas depuis 1.600 ans. Elle est aujourd'hui silencieuse", a conclu M. Saperstein.