Séoul et Pyongyang ont accepté de tenir des négociations de haut niveau samedi, calmant le jeu alors que la Corée du Nord avait menacé son rival d'une "guerre totale" s'il ne cessait pas sur-le-champ ses opérations de propagande.
L'annonce de cette rencontre est tombée deux heures avant l'expiration de l'utimatum lancé vendredi par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, qui exigeait l'arrêt des haut-parleurs récemment remis en service par Séoul.
Rendez-vous a été donné dans le village frontalier de Panmunjom à 06H00 locales (09H00 GMT) - où s'étaient déjà déroulées en octobre dernier des discussions bilatérales -, a indiqué à l'AFP une porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.
Le Sud sera représenté par son ministre de l'Unification Hong Young-Pyo et le conseiller à la Sécurité nationale Kim Kwan-Jim. Le Nord enverra pour sa part son haut responsable de la Défense, Hwang Pyong-So, considéré comme le numéro deux du régime, et le secrétaire du parti des Travailleurs Kim Yong-Gon, en charge des relations avec le Sud.
Les tensions avaient redoublé ces dernières heures dans la péninsule, même si les experts avaient appelé à relativiser les annonces belliqueuses de Pyongyang, coutumier du fait.
En prévision de l'heure dite (08H30 GMT), l'armée du peuple coréen (KPA) avait assuré que ses unités déployées à la frontière s'étaient placées "en état de guerre", prêtes à riposter si Séoul n'obtempérait pas. "Nous sommes arrivés à l'aube d'une guerre et la situation est irréversible", avait même lancé, menaçant, le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
L'agence sud-coréenne Yonhap, citant des sources militaires, avait fait état de mouvements d'unités d'artillerie au Nord, tandis que des avions de chasse américains et sud-coréens avaient effectué des exercices de simulation de bombardement à la mi-journée dans une claire démonstration de force.
Guerre de propagande
Au lendemain d'une déclaration ferme de la présidente Park Geun-Hye, les autorités à Séoul avaient fait savoir qu'elles n'avaient pas l'intention de céder aux injonctions de leur voisin, et de faire taire ces haut-parleurs qui diffusent à plein volume leurs messages à la frontière.
La Corée du Sud a décidé de reprendre sa guerre de propagande - une pratique que les deux pays avaient cessée en 2004 d'un commun accord - en représailles à une attaque à la mine antipersonnel imputée à la Corée du Nord, dans laquelle deux de ses soldats avaient été mutilés début août.
Cette initiative a suscité l'ire de Pyongyang, qui dément toute implication dans ces explosions, et la situation s'était envenimée jusqu'à déboucher jeudi sur un exceptionnel échange de tirs d'artillerie entre les deux ennemis.
Pour l'heure, les habitants sud-coréens, rompus à la rhétorique agressive du Nord, ne semblaient toutefois guère s'émouvoir de ce nouvel épisode orageux entre les deux pays.
Soixante ans de tension
Techniquement, ils sont en conflit depuis 65 ans car la guerre de Corée (1950-53) a pris fin avec un simple cessez-le-feu qui n'a jamais été formalisé par un traité de paix en bonne et due forme.
La dernière attaque directe contre le Sud date de décembre 2010, lorsque la Corée du Nord avait bombardé l'île sud-coréenne de Yeonpyeong, causant la mort de deux soldats et deux civils sud-coréens. Séoul avait répliqué en tirant des obus sur des positions nord-coréennes, ce qui avait fait craindre un conflit généralisé.
La communauté internationale veille
La situation actuelle est surveillée de près par la communauté internationale. Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a exhorté vendredi les deux Corées à mettre fin à l'escalade de tensions, tandis que les Etats-Unis, qui disposent de quelque 30.000 militaires en Corée du Sud, ont invité Pyongyang à la retenue.
Le chef d'état-major interarmées américain, le général Martin Dempsey, a "réitéré l'engagement inébranlable des Etats-Unis" auprès de la Corée du Sud et "la force de l'alliance" qui unit les deux pays, dans un communiqué publié samedi par le Pentagone.
La Chine, principal soutien de la Corée du Nord, a également lancé des appels au calme, désireuse d'éviter tout esclandre au moment où elle tente d'attirer des dirigeants du monde entier à Pékin début septembre, pour assister aux commémorations de la défaite japonaise de 1945.