Un musée suédois a offert un emploi particulier à un couple de mendiants roms : poser comme œuvres d'art. Cette pratique rouvre le débat sur la dignité humaine.
Un musée de Malmö (Suède) a offert un emploi controversé à deux mendiants roms : poser comme "œuvres d'art". Le couple originaire de Roumanie, habitué à récolter entre 30 et 60 couronnes (3,25 à 6,50 euros) par jour, a ainsi quadruplé son revenu journalier en posant deux heures par jour pour le musée. Ils ont été approchés alors qu'ils mendiaient à Malmö.
Une pratique qui ne semble pas déranger le jeune couple. Luca Lacatus, 28 ans, a déclaré que "ça vaut mieux que d'être dans la rue. Dehors, il fait froid et les gens ne sont pas aussi sympas qu'ici. Et il n'y a pas besoin de parler beaucoup". Avant d'ajouter : "les gens ici se sentent plus désolés pour nous que ceux dans la rue". L'argent récolté doit leur permettre de rebâtir une maison qui a été incendiée il y a deux ans.
Une pratique qui divise
Les deux mendiants sont positionnés dans le musée à la sortie d'un long couloir sombre dans lequel des écrans indiquent "Aujourd'hui, vous n'êtes pas obligés de donner". On les trouve alors assis dans les coins opposés d'une salle morose et presque vide, où quelques journaux relatant des problèmes sociaux sont accrochés sur les murs.
Une pratique qui semble incommoder les visiteurs qui ne restent en moyenne qu'une poignée de secondes dans la salle. "On se sent un peu mal à l'aise. Je n'ai pas réussi à me concentrer quand j'étais dans la salle", a avoué Pär Körsell, l'un d'entre eux. "La pauvreté était si près. Ça m'a gênée", a déclaré une autre visiteuse, Ann-Margret Oftedal.
Provoquer un questionnement sur l'attitude face aux mendiants
L'objectif recherché et annoncé par Anders Carlsson, le directeur artistique de l'Institutet (le groupe qui a piloté l'exposition), est de provoquer un questionnement sur l'attitude face aux mendiants. Une démarche souvent critiquée par certains. Aaron Israelson, rédacteur en chef d'un magazine vendu par des sans-abri, a ainsi estimé que le questionnement recherché n'était pas le bon. "L'exposition n'est pas sur leur vie ou la façon dont ils ressentent la pauvreté et la misère, elle est sur la manière dont nous ressentons la mendicité", a-t-il regretté.