L'armée ukrainienne et les rebelles séparatistes s'accusaient mutuellement lundi de violer le très fragile cessez-le-feu entré en vigueur durant le week-end et ont prévenu qu'il n'était pas possible dans ces conditions de procéder au retrait des armes lourdes de la ligne de front.
Parallèlement, l'Union européenne a publié une nouvelle liste noire de personnes et entités sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine, parmi lesquelles deux vice-ministres russes de la Défense. Moscou a promis une réponse "adéquate" en dénonçant des sanctions "incohérentes et illogiques".
Signe de l'extrême fragilité du cessez-le-feu, au moins cinq soldats ukrainiens ont péri dans des combats près de Marioupol, dans la partie sud de la ligne de front, depuis son instauration samedi soir.
Les combats se poursuivent
Alors que des combats acharnés se poursuivaient sur plusieurs points chauds de la ligne du front, un porte-parole militaire ukrainien a annoncé à l'AFP que le retrait des armes lourdes, prévu par les accords de paix de Minsk 2 signés la semaine dernière entre rebelles et Ukrainiens, était de facto remise en cause.
"Il n'est pas question pour le moment d'un retrait des armes lourdes. Comment peut-on retirer les armes si les rebelles tentent de nous attaquer avec des chars et qu'ils tirent sur nous en permanence?", a déclaré ce porte-parole de l'état-major de l'armée ukrainienne, Vladislav Seleznev.
Pas de retrait d’armes lourdes
Le retrait des armes lourdes, prévu pour lundi soir, doit commencer 48 heures au plus tard "après l'arrêt des tirs, ce qui pour l'instant n'est pas le cas", a-t-il souligné. Même constat des rebelles qui a ont accusé l'armée ukrainienne de tirer sur l'aéroport de Donetsk.
"Le retrait des armes lourdes (...) ne peut être réalisé que sous certaines conditions et notamment après l'arrêt total des tirs", a déclaré un responsable militaire séparatiste responsable Edouard Bassourine, cité par l'agence officielle des rebelles DAN.
Debaltseve encerclée
Trente-six heures après le début de ce cessez-le-feu arraché à l'issue de 16 heures de négociations ardues à Minsk entre les dirigeants allemand, français, russe et ukrainien, d'intenses combats continuaient toujours autour de la ville stratégique de Debaltseve, où sont stationnés plusieurs milliers de soldats ukrainiens menacés d'encerclement.
Les séparatistes, qui cherchent à prendre ce nœud ferroviaire stratégique, ont tiré 112 fois en 24 heures sur les positions ukrainiennes dont presque 90 fois sur Debaltseve et des villages voisins, a déclaré lundi un autre porte-parole militaire ukrainien, Anatoli Stelmakh.
5 000 civils bloqués à Debaltseve
Les rebelles qui ont notamment bombardé la ville avec des lance-roquettes multiples, "ont reçu l'ordre de prendre Debaltseve à tout prix", a-t-il assuré. Sur l'ensemble de la ligne du front, "nos militaires n'ont tiré que pour riposter", a-t-il affirmé.
Une responsable de la mairie de Debaltseve, Natalia Karabouta, évacuée de cette ville, a indiqué à l'AFP qu'environ 5.000 civils étaient bloqués à Debaltseve où même les livraisons de pain ont été arrêtées en raison des hostilités.
Les combats ont repris
"La journée était tranquille hier quand cela ne tirait qu'à l'arme à feu, mais aujourd'hui tout a repris, des explosions sont audibles en permanence", a-t-elle ajouté. "Les gens ne peuvent plus partir car on tire sur la route (...) Ils n'ont rien ni pain ni eau", a-t-elle dit.
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine a appelé depuis Sofia l'application totale des accords de paix de Minsk visant à mettre fin à ce conflit ayant fait plus de 5.500 morts en dix mois.
Il est nécessaire de cesser les tirs
"Il est nécessaire maintenant de cesser les tirs, de retirer l'artillerie lourde et de commencer l'échange des prisonniers, de façon à ce que l'aide humanitaire puisse arriver jusqu'aux gens (...) et que nous puissions recommencer le processus politique", a souligné le ministre.
La remise en cause des accords de paix dans l'est de l'Ukraine intervient au lendemain d'un entretien téléphonique entre le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel, le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko.