Six ans de prison ont été requis mardi à l'encontre de Fahd Jobrani, un "cyberjihadiste" marocain de 36 ans accusé d'avoir projeté une attaque au Maroc et qui se répandait sur internet dans des diatribes jihadistes.
Une interdiction définitive du territoire français a également été requise devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris contre le prévenu, poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme.
Identifié en 2012 lors d'une enquête dans une autre affaire, Fahd Jobrani, habitant Notre-Dame du Bliquetuit (Seine-Maritime), une petite commune près de Rouen, s'était vanté sur un forum sur internet de créer une "katiba", une brigade, pour Al-Qaïda au Maroc.
Dans son réquisitoire, la procureur Julie Holveck a énuméré la "réunion d'endoctrinement" à laquelle il a participé devant des convertis récents à l'islam, le prosélytisme auquel il s'est livré, sur internet et dans son entourage familial, et les écoutes de conversations téléphoniques selon lesquelles "il n'excluait pas de frapper la France".
Selon la représentante du ministère public, Fahd Jobrani a fait preuve d'une "véritable fascination pour les armes". Elle a évoqué les "correspondants privilégiés" et les "échanges de données opérationnelles". "Peu importe" que les contours du projet ne soient pas "clairement définis" pour que l'infraction soit constituée, a-t-elle poursuivi.
A l'inverse, l'avocate du prévenu, Anne-Sophie Laguens, a estimé que l'association de malfaiteurs n'était pas caractérisée, et que les faits relèveraient plutôt de l'apologie du terrorisme.
Fahd Jobrani "se dit salafiste, mais ne sait même pas ce que c'est que le salafisme", a-t-elle plaidé, soulignant la "réelle immaturité" de son client.
Il ne serait "jamais parti" faire le jihad et "n'avait pas l'influence qu'on lui prête", a-t-elle plaidé.
Lundi, lors du premier jour du procès, Fahd Jobrani n'a eu de cesse de tenter de minimiser la portée de ses diatribes sur internet, en assurant qu'il s'agissait de "délire", de "paroles en l'air".
Le jugement a été mis en délibéré au 18 février.