Ouvert dans une ambiance tendue et surmédiatisée, le procès à Paris de deux Français qui ont tué avec leur puissant 4X4 Lee Zeitouni, une jeune Israélienne, à Tel-Aviv en 2011 avant de prendre la fuite a été interrompu jeudi après l'agression d'un de leurs avocats.
Ce drame avait provoqué la colère en Israël et l'embarras de la France, qui n'extrade pas ses ressortissants hors Union européenne, et le procès d'Eric Robic, le conducteur, et de Claude Khayat, son passager, était donc très attendu.
Mais après quatre heures d'audience à évoquer les faits, Me Régis Méliodon a été agressé dans les toilettes par un inconnu qui lui a asséné un coup de poing à la mâchoire avant de réussir à s'enfuir. L'avocat, très sonné, devait passer dans la soirée des examens médicaux.
Après plus d'une heure et demi de consultations, le président du tribunal correctionnel, Jean-Marc Cathelin, a annoncé le renvoi du procès à mercredi à la suite de cette "agression" dont il a dénoncé le caractère "scandaleux".
Le procès reprendra "en continuation", c'est à dire au moment où il a été interrompu, avant le début des plaidoiries et réquisitions.
Il s'était ouvert dans une forte affluence et une ambiance surmédiatisée et tendue entre les partisans des différentes parties, prévenus et victimes, mais aussi entre les accusés, les deux hommes étant en détention provisoire pour une autre affaire d'escroquerie dans laquelle ils s'opposent.
Lee Zeitouni, jeune prof de gym et de yoga de 25 ans, avait été tuée en traversant la rue sur un passage piéton au petit matin du 16 septembre 2011, alors qu'elle se rendait à son travail, fauchée par la BMW X6 de Robic, lancée, selon des témoins, à plus de 100 km/heure dans une zone limitée à 50.
"Des cauchemars la nuit, et même le jour"
Eric Robic a reconnu à la barre qu'il avait bu au moins trois vodkas et trois whiskies au cours de cette nuit blanche et avoir roulé "au dessus de la limite". Assurant ne pas avoir vu la jeune femme, car un camion lui aurait caché la vue, il a raconté: "j'ai entendu le bruit, vu le choc, regardé dans mon rétro et vu le corps voler". Et pour expliquer pourquoi il ne s'est pas arrêté: "J'ai eu un geste lâche. Ma lâcheté je vais la payer, ça je suis d'accord".
Claude Khayat, qui assure avoir été assoupi au moment de l'accident, explique lui aussi la fuite: "J'ai été lâche, mais j'ai eu peur".
Quelques heures après le drame, les deux hommes quittent séparément Israël, où ils étaient installées depuis quelques mois, direction la France. Ils assurent aujourd'hui qu'il ne s'agissait "pas de se défiler, mais de rentrer et se livrer à la justice", selon les mots de Khayat.
Et chacun de s'adresser aux proches de Lee Zeitouni, venus d'Israël pour ce procès. "Je souhaiterais demander pardon à cette famille. C'est un sentiment qui m'a dépassé et je le paie tous les jours. J'ai beaucoup de regrets", dit Claude Khayat, qui encourt jusqu'à cinq ans de prison pour non-assistance à personne en péril.
"Je voudrais revenir en arrière et la leur ramener, mais je ne peux pas, j'en fais des cauchemars la nuit, et même le jour", glisse Eric Robic, qui encourt jusqu'à dix ans de prison pour homicide involontaire et non-assistance.
Les parents de Lee Zeitouni sont invités par le président à évoquer leur enfant disparue. "Sa vie lui a été arrachée, tous ses plans anéantis et nous avons perdu une fille aimante et attentionnée", explique Kate, sa mère, en anglais. Itzik, son père, s'exprime dans un français parfois hésitant. "C'était une fille merveilleuse, à l'extérieur et à l'intérieur. J'ai bien confiance que justice sera faite."
Après l'incident et le report, les parents de Lee Zeitouni sont repartis sans un mot, poursuivis par les caméras.