En direct
A suivre

Ebola : des milliers de morts pas comptabilisés ?

D'après le dernier bilan du 2 novembre, 13.042 cas d'Ebola et 4.818 décès ont été recensés. [Issouf Sanogo / AFP/ Archives]

Les bilans de l'OMS sur la fièvre Ebola en Afrique de l'ouest ignorent une dimension importante de l'épidémie, le nombre de corps enterrés sans être déclarés, selon un expert de l'organisation qui parle de milliers de morts potentiellement non comptabilisés.

 

"Il y a beaucoup de morts qui manquent dans cette épidémie", a souligné jeudi pour l'AFP Christopher Dye, directeur de la stratégie de l'Organisation Mondiale de la Santé à Genève. Le dernier bilan diffusé mercredi a fait état de 4.818 décès pour 13.042 cas.

M. Dye a évoqué le fait que dans les trois pays les plus touchés, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, cela pourrait être notamment dû à des enterrements secrets par les familles qui craignent de ne pouvoir pratiquer leurs traditions pour les obsèques si elles déclarent le décès aux autorités.

Dans ces trois pays, pour les cas identifiés suivis jusqu'à la guérison ou au décès, le taux de mortalité est de l'ordre de 70%, ce qui conduit à des projections avec 5.000 décès qui pourraient ne pas avoir été comptabilisés, selon M. Dye.

 

Des chiffres à la baisse

Ce expert souligne qu'au-delà du bilan global, l'OMS porte plus attention à l'évolution des chiffres de nouveaux cas et de décès par semaine. "Nous sommes assez sûrs qu'il y une tendance à la baisse dans certaines régions de l'épidémie et je pense que ce n'est plus sujet à question maintenant", a-t-il dit.

"Le nombre de cas semble diminuer au Liberia. En Guinée le nombre de cas est à peu près stable mais il y a des inquiétudes concernant le sud du pays, qui a été l'épicentre de l'épidémie. En Sierra Leone les chiffres se stabilisent mais il y a beaucoup d'inquiétudes concernant l'ouest du pays ", a-t-il ajouté.

"Ce que vous ne pouvez pas faire c'est juste prendre le nombre total de décès et de le diviser par le nombre de cas, puisque ces deux sources d'information sont biaisées", affirme ce responsable de l'OMS. 

Les derniers bilans actualisés de l'organisation ont donné des chiffres globaux révisés à la baisse, avec pour seule explication un changement des méthodes de comptabilisation. Le bilan diffusé mercredi, établi le 2 novembre et revu à la baisse, a fait état d'un total de 13.042 cas et 4.818 décès. Le précédent, publié le 31 octobre, faisait état de 13.567 cas et de 4.951 décès.

Cela ne signifie pas que l'épidémie est terminée ou que des malades ne meurent plus, met en garde M. Dye, "beaucoup, beaucoup de personnes meurent encore d'Ebola".

 

Scénario catastrophe éloigné 

Jusqu'à récemment l'OMS utilisait différentes bases de données de chaque pays pour le rapport situation, ce qui donnait des résultats très fluctuants. Elle a choisi de s'en tenir désormais aux seuls rapports situation pour chaque pays, basés sur une comptabilité quotidienne sur le terrain, explique cet expert. 

Ce ralentissement constaté dans le développement de l'épidémie éloigne le scénario catastrophe développé il y a quelques mois aux Etats-Unis par le Centre américain pour le contrôle des maladies, qui projetait des millions de cas pour janvier, se réjouit le responsable de l'OMS. 

"Seulement parce que vous avez une tendance à la hausse à partir de laquelle vous faites des projections, vous allez avoir des millions de cas (...). Il est assez clair pour nous que cela ne va pas se produire", affirme M. Dye.

 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités