Plus de deux mois après le lancement de l’intervention, Daesh ne faiblit pas. Une autre stratégie pourrait changer la donne.
L’issue de la guerre contre Daesh semble lointaine. Plus de deux mois après les premières frappes de la coalition internationale, la situation est encore figée sur le terrain, en Irak comme en Syrie. Daesh ne montre pas de véritables signes de faiblesse, même si sa progression a été freinée.
Symbole de ce conflit qui s’enlise, la ville syrienne kurde de Kobané est le théâtre de violents combats depuis plus d’un mois. Les combattants de Daesh y ont lancé une nouvelle offensive dans la nuit de lundi à mardi, mais ils s’y heurtent à la farouche résistance des peshmergas kurdes, appuyés par les frappes de la coalition internationale. Ces derniers apparaissent aujourd’hui comme le seul espoir, dans l’immédiat, de faire reculer les combattants jihadistes.
Daesh renforce ses positions
La stratégie de la coalition internationale consistant à multiplier les frappes aériennes contre les positions de Daesh montre désormais ses limites. En Irak, les jihadistes menacent de s’emparer de la province sunnite d’Al-Anbar (Ouest), après avoir infligé une série de revers à l’armée irakienne. Et le groupe renforce son emprise sur un territoire qui s’étend toujours sur des milliers de kilomètres entre l’ouest de l’Irak et le nord-est de la Syrie.
«Les frappes aériennes peuvent affaiblir Daesh, mais en aucun cas l’anéantir, rappelle Karim Pakzad, de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Et comme personne au sein de la coalition ne veut aller combattre les jihadistes au sol, la situation reste figée.» Afin de balayer les doutes nés au sein des pays de la coalition internationale, les responsables militaires des pays participants devaient se réunir hier soir à Washington pour évoquer la stratégie à suivre. «La stratégie que nous bâtissons (permettra) d’isoler Daesh», a tenté de rassurer le secrétaire d’Etat américain, John Kerry.
Une nouvelle stratégie
L’une des pistes qui devait être évoquée est le soutien apporté aux Kurdes. Car la résistance qu’ils opposent à Kobané laisse à penser qu’ils constituent une force susceptible de changer la donne. «S’il ne parvenait pas à conquérir la ville, cela pourrait être le début de la fin pour Daesh, estime Karim Pakzad. Et si les Kurdes l’emportaient, ils apparaîtraient comme une force incontournable dans la région.»
Les Américains ont ainsi déjà commencé, lundi, à leur larguer des armes, des munitions et du matériel médical. Et la Turquie, qui les considérait pourtant comme des terroristes, a annoncé l’ouverture de sa frontière pour permettre aux Kurdes de rejoindre le front depuis son territoire.
Alors qu’une intervention au sol des forces occidentales reste exclue, l’issue du conflit semble donc devoir dépendre des forces en présence sur le terrain. «En Syrie, il faudra se tourner à un moment ou un autre vers les forces du régime, estime Karim Pakzad. Et en Irak, les Etats-Unis comme l’Iran sont engagés dans le réarmement des chiites, des Kurdes, et même de l’armée libanaise qui combat Daesh dans le nord du Liban.» Le renforcement de l’armée irakienne est également en cours, mais il faudra encore plusieurs mois avant qu’elle soit en mesure d’opposer une véritable résistance à Daesh