Avoir chez soi un singe capucin, un toucan ou un iguane: c'est la passion de nombreux habitants au Costa Rica, mais elle met en danger la survie de ces espèces, selon une spécialiste interrogée à l'occasion du premier congrès dédié à cette question.
"Nous n'avons pas de chiffres précis, mais nous savons que le problème est de grande ampleur, car selon une étude du ministère de l'Environnement, 25% des foyers ont comme animal domestique une perruche, ce qui représente déjà près de 400.000" oiseaux exotiques détenus en maison, explique à l'AFP la militante Andrea Aguilar, du refuge pour animaux Instituto Asis.
Pour analyser l'impact de ce phénomène et chercher des solutions, des représentants d'une quarantaine d'organisations non gouvernementales, institutions publiques et professionnelles sont réunis jusqu'à samedi au Costa Rica pour le premier congrès sur le sauvetage et la libération de la faune sauvage.
Le petit pays d'Amérique centrale est un pionnier dans la région en termes de protection de la faune sauvage, ayant notamment interdit toute chasse sportive il y a moins de deux ans.
Mais le refuge d'Instituto Asis, à La Fortuna de San Carlos (nord), recueille régulièrement des animaux malades ou blessés, ayant été renversés, agressés, électrocutés ou plus simplement... gardés comme animaux domestiques.
Après avoir été soignés, ils sont généralement relâchés dans la nature.
"La loi au Costa Rica interdit d'avoir des espèces sauvages comme animaux domestiques, mais ça ne suffit parce qu'il y a une habitude bien ancrée, les gens n'ont pas conscience que les animaux sauvages ne sont pas et ne peuvent pas être des animaux domestiques", souligne Andrea Aguilar.
Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à prendre chez soi un singe capucin, un iguane ou un oiseau exotique ? Dans certains cas, c'est la beauté de l'animal, mais cela peut être aussi la volonté de divertir les enfants, ou la recherche d'un prestige social.
- Un singe agressif -
Le problème de fond est que ces personnes savent très peu de choses sur ce genre d'animaux : ils ne connaissent ni leur alimentation, ni leur rythme de vie, ni les changements de comportement qu'ils peuvent manifester.
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"Une famille s'amourache d'un singe capucin bébé, parce qu'il est très drôle et affectueux, mais quand ce singe atteint les deux ans, sa conduite changera, il deviendra agressif, il mordra et il tirera les cheveux des gens", cite Andrea Aguilar comme exemple.
"Alors, il deviendra un problème à la maison."
Et ces animaux sauvages, quand ils sont "adoptés", représentent aussi un danger pour leurs nouveaux "maîtres", car ils peuvent être porteurs de bactéries ou de virus.
Le résultat, bien souvent, est que l'animal est maltraité, voire sacrifié. Dans le meilleur des cas, il atterrit dans un refuge.
Mais à ce moment-là, il est très difficile de le rendre à son environnement naturel, car il aura du mal à se faire accepter par une communauté de son espèce et pour lui aussi, ce sera dur de s'adapter.
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Cette pratique menace la survie de nombreuses espèces, mais ce n'est pas la seule : le congrès organisé au Costa Rica aborde d'autres dangers, comme le trafic international, une activité qui rapporte 20 milliards de dollars par an (environ 15 milliards d'euros).
Autre menace, la chasse illégale, qui s'ajoute aux accidents fréquents d'animaux qui sont renversés sur les routes ou électrocutés quand ils se déplacent le long de l'éclairage public, comme le font par exemple les paresseux.
Le congrès veut inciter le gouvernement à renforcer les programmes d'éducation environnementale, destinés tant aux habitants du pays qu'aux touristes étrangers de passage.
"Il est important de faire comprendre aux gens que les animaux sauvages doivent vivre dans la nature, parce qu'ils ont des besoins différents de ceux des animaux domestiques", insiste Andrea Aguilar.