Sur le tarmac de la base américaine Lightning, des engins déchargent d'énormes boites par la trappe arrière d'hélicoptères Chinook. Le service postal, véritable "Père Noël" pour les GIs, vit ses derniers jours en Afghanistan avant le retrait de l'Otan.
A l'intérieur du camp américain, près de Gardez, non loin de la frontière pakistanaise, des soldats, en treillis et fusils en bandoulière, ou en t-shirt et short "Army", attendent l'arrivée du courrier, essentiellement des colis de proches ou des commandes passées sur l'internet.
A l'ère de Twitter, Facebook, Skype et des simples courriels, la traditionnelle poste joue toujours un rôle clé dans la vie de ces militaires américains.
"Je suis comme le Père Noël", sourit Michael Claggett qui s'assure que tous les colis sont bien distribués. "Quand il y a du courrier, c'est une bonne journée, quand il n'y en a pas, c'est un peu moins positif", explique le soldat de Fort Hood (Texas).
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Mais, dès ce mois-ci, la poste va commencer à réduire ses activités, en prévision du retrait des troupes d'ici à décembre 2014. Et d'ici à deux mois, les 1.000 soldats américains de Lightning auront quitté Gardez.
Si les militaires pourront encore recevoir du courrier après la fermeture de la poste, il ne pourront en envoyer qu'occasionnellement via des "rodéos postaux", c'est-à-dire des bureaux de poste provisoires, ouverts pour un ou deux jours.
A l'arrivée des paquets, le soldat Yosef Lobl, de Chicago, s'active dans la chaleur de l'après-midi. Il a retiré sa veste et ouvre les grosses boites en carton amenées par l'hélicoptère de Bagram, gigantesque base-aéroport à la sortie de Kaboul.
"Tout le monde aime le courrier. Tout le monde commande des choses pour rendre la vie plus confortable. C'est une grande stimulation pour le moral", explique-t-il.
Le jeune soldat a vu passer des choses aussi différentes que "des télévisions, des balles de golf, des battes de baseball, et même de la nourriture cuisinée maison dans des glacières".
Le commandant Steven Bearden vient, lui, collecter trois paquets: une montre commandée sur l'internet, un colis de sa famille et une surprise destinée à ses hommes, "pour leur montrer qu'il les apprécie".
- 'Opération massive' -
Le peu de lettres arrive séparément dans des sacs en toile qui suivent le même trajet aérien.
"Courrier égale moral", résume le capitaine Daniel Hernandez, à la tête de la compagnie qui gère le service postal, pour qui il ne fait aucun doute que les paquets continueront d'arriver à Lightning jusqu'à la fermeture de la base en octobre.
Outre l'arrivée du courrier en provenance de Bagram, les soldats du service postal, doivent aussi s'occuper des paquets à envoyer, très nombreux au moment où les soldats s'apprêtent à quitter le pays.
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Le petit bureau de poste, un simple baraquement de contreplaqué avec un conteneur métallique en guise d'annexe, possède un comptoir pour l'accueil et une arrière-boutique pour stocker et trier le courrier.
Or, l'endroit ne désemplit pas ces derniers jours depuis que des affichettes ont été placardées partout sur la base, jusque dans les toilettes, annonçant la fermeture prochaine du bureau de poste.
"C'est une opération massive", explique le soldat Lobl, entre deux colis à expédier, alors que devant l'entrée de la poste, une file d'attente se forme le long du mur entourant le bureau de poste, formé de sacs de sable grillagés.
Au comptoir, le sergent-chef Thomas Carrick, prend lui-même soin d'entourer un grand carton d'un solide ruban adhésif. Il renvoie des photos souvenir d'Afghanistan, des vêtements et des affaires dont il n'a plus besoin, chez lui près de Chicago.
Après avoir payé, il reprend son fusil d'assaut posé près de la porte, remet son casque couvert d'un filet de camouflage et regagne son baraquement.
D'autres soldats s'avancent les bras chargés de cartons ou de grandes cantines en plastique. Outre les affaires personnelles, les soldats envoient tapis, foulards, bibelots ou bijoux, derniers souvenirs d'une guerre qu'ils transbahuteront jusque dans leur salon.