Le gouvernement japonais a annoncé lundi qu'il allait publier la retranscription d'auditions de protagonistes de la catastrophe de Fukushima, dont le témoignage crucial de feu le directeur de la centrale, Masao Yoshida.
En 2011, un groupe d'experts mandatés par le gouvernement avait interrogé pendant plusieurs heures plus de 700 principaux témoins de ce désastre survenu le 11 mars de la même année, à la suite d'un gigantesque tsunami consécutif à un séisme au large des côtes du Nord-Est.
Le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, a indiqué lundi lors d'un point de presse que seraient divulgués les dires des personnes qui auront donné leur accord et qu'il espérait que ces procédures seront terminées d'ici à la fin de l'année.
Beaucoup réclamaient depuis longtemps que les explications des personnes engagées au premier chef ne restent pas secrètes.
Evoquant les déclarations de Yoshida, l'homme qui a dirigé les opérations durant cinq mois au coeur de la centrale sinistrée, M. Suga a précisé que le gouvernement allait les rendre publiques "le plus rapidement possible le mois prochain".
Décédé en juillet 2013 d'un cancer de l'oesophage, "l'ex-directeur Yoshida ne voulait pas que l'on publie son témoignage, de peur de mauvaises interprétations", a-t-il souligné. "Toutefois la situation a changé, car une partie de son audition est déjà sortie dans la presse".
Yoshida avait été entendu pendant plus de 20 heures de juillet à novembre 2011 par le groupe d'experts gouvernemental.
Des citoyens, particulièrement ceux qui ont souffert de la catastrophe, sont avides de lire l'intégralité de ses propos, de même que ceux d'autres personnes impliquées.
La semaine passée, plusieurs avaient déposé une demande en ce sens auprès d'un tribunal de Tokyo.
Masao Yoshida était devenu directeur du complexe atomique Fukushima Daiichi en juin 2010, quelques mois avant le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui allaient mettre en péril quatre des six réacteurs du site, un désastre qui a poussé les autorités à évacuer plus de 150.000 habitants alentour.
M. Yoshida a géré cette crise sans précédent dans des conditions terribles, en s'opposant parfois aux directives incohérentes ou aux lenteurs du siège de son entreprise, Tokyo Electric Power (Tepco). Il a même désobéi à certains ordres qui lui semblaient techniquement dangereux, et a peut-être ainsi évité que la situation ne devienne complètement incontrôlable, selon des experts du secteur.
Lors d'un rare entretien accordé à la presse en novembre 2011 avant de quitter ses fonctions, Yoshida avait déclaré: "dans la semaine qui a suivi l'accident, j'ai bien crû à maintes reprises que nous allions mourir".