Le patron de la filiale belge de la banque suisse UBS a été inculpé jeudi notamment de blanchiment et fraude fiscale, après avoir été entendu pendant plusieurs heures par un juge d'instruction à Bruxelles, a annoncé le Parquet fédéral.
Marcel Brühwiler, de nationalité suisse, a été inculpé d'"organisation criminelle, blanchiment, exercice illégal de la profession d'intermédiaire financier en Belgique et fraude fiscale grave organisée", précise le Parquet.
Après plusieurs heures d'interrogatoire, le juge d’instruction Michel Claise, spécialisé dans les affaires financières, a décidé de laisser libre sans condition le directeur, qui a nié toutes les charges, a-t-il ajouté.
La justice a indiqué qu'elle allait analyser les documents saisis au siège de la banque à Bruxelles et auditionner d'autres protagonistes.
Cette enquête s'ajoute à celles dont l'institution helvétique fait déjà l'objet en France, aux Etats-Unis et en Allemagne.
Le Parquet a précisé que les infractions sur lesquelles porte l'enquête "ont débuté il y a environ 10 ans" et concernent des "clients de natonalité belges" qui "disposent d’un patrimoine non négligeable" et "sont actifs dans divers secteurs", a précisé le Parquet.
Un porte-parole de la banque suisse a réagi en affirmant que UBS conduisait "ses activités dans le respect total de la loi et des réglementations en vigueur". "La banque ne tolère aucune activité ayant pour objectif de permettre à ses clients de contourner leurs obligations fiscales. UBS coopère totalement avec les autorités belges", a-t-il ajouté dans un e-mail envoyé à l'AFP.
UBS Belgium aurait approché, au cours des dix dernières années, des contribuables belges fortunés pour leur proposer l'ouverture de comptes non déclarés en Suisse. Avec la complicité d'UBS Belgium, des montants importants --le Parquet a évoqué "plusieurs milliards d'euros"-- auraient quitté illégalement la Belgique pour la Suisse.
"Les premiers éléments d'enquête ont mis en évidence le comportement organisé permettant probablement l'évasion fiscale frauduleuse", a expliqué lors d'une conférence de presse en milieu de journée Ine Van Wymersch, la porte-parole du Parquet.
Ces renseignements ont été obtenus "via des dénonciations très précises de +compliance officers+ (responsables de la conformité) qui ont soit quitté la banque, soit ont été licenciés par la banque", a-t-elle ajouté.
Après trois mois d'enquête, des perquisitions ont eu lieu jeudi matin à Bruxelles, notamment "au domicile du patron de la banque" et à celui d'un "client bien identifié", a-t-elle précisé.
L'enquête belge s'est accélérée alors que fin mai, un ex-banquier suisse d'UBS a été condamné aux Etats-Unis à cinq ans de prison avec sursis pour avoir aidé de riches Américains à échapper à l'impôt en ouvrant des comptes en Suisse. Plusieurs autres anciens cadres d'UBS sont également visés par des enquêtes aux Etats-Unis.
En février 2009, la banque elle-même avait dû verser 780 millions de dollars aux autorités américaines et leur livrer le nom de plusieurs milliers de ses clients soupçonnés d'avoir fraudé le fisc.
UBS est par ailleurs poursuivie en France pour démarchage illicite de clients. Elle est également accusée de complicité d'évasion fiscale par le fisc allemand.