Barack Obama, qui avait fait du retrait d’Irak une priorité, envisagerait une intervention pour contrer l’offensive des insurgés islamistes.
Le 18 décembre 2011, les derniers GI quittaient l’Irak. Barack Obama tenait ainsi l’une de ses principales promesses de sa campagne présidentielle. Mais, depuis une semaine, le dossier irakien est venu se rappeler au bon souvenir de l’hôte de la Maison Blanche. En quelques jours, l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) a pris le contrôle de près de la moitié du pays, et continuait hier sa progression, s’emparant d’un poste-frontière entre l’Irak et la Syrie et occupant la ville de Tal Afar (nord).
Après avoir réuni lundi les membres de son Conseil de sécurité nationale, le président américain envisageait ainsi une intervention pour contrer la menace islamiste. Mais la marge de manœuvre s’annonce plutôt étroite pour Barack Obama.
Différentes options sur la table
Plusieurs scénarios étaient envisagés hier. Le plus probable reposerait sur des frappes aériennes, éventuellement menées par des drones. Un autre consisterait à apporter une aide massive aux forces gouvernementales irakiennes.
Enfin, cette crise pourrait donner lieu à un rapprochement inédit entre les Etats-Unis et l’Iran, qui pourraient se coordonner pour aider le gouvernement irakien. Téhéran, qui entretient des liens étroits avec le gouvernement chiite de Nouri al-Maliki, a toutefois exclu d’envoyer des troupes sur le terrain.
«Les Américains hésitent sur la forme de l’intervention, mais la perspective de voir s’installer un Etat islamique en Irak est inacceptable à leurs yeux : tout le Moyen-Orient serait en danger», analyse Karim Pakzad, spécialiste de l’Irak à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (Iris).
Le pire des scénarios verrait ainsi l’Irak démantelé, avec la création d’un Etat islamique dirigé par l’EIIL, qui s’en servirait de base arrière pour mener des opérations dans les pays voisins et alimenter le terrorisme international.
Un casse-tête pour Obama
Quelle que soit la solution choisie, Barack Obama risque de se heurter à de nombreuses critiques. Au Congrès américain, les faucons ont déjà ouvert le feu, accusant le président de s’être retiré trop tôt d’Irak.
L’ancien candidat républicain à la présidence, le sénateur de l’Arizona John McCain, a ainsi dénoncé «une erreur colossale», appelant même à la démission de l’administration Obama. Une autre difficulté est d’ordre stratégique. Si Washington menait des frappes contre les combattants d’EIIL, il faudrait au préalable identifier les cibles sur le terrain.
Or, les forces irakiennes n’ont pas la formation nécessaire pour faire cette reconnaissance, ce qui impliquerait le risque de provoquer des pertes civiles. Et de telles bavures ne feraient que braquer davantage les populations sunnites d’Irak.
Enfin, un retour des Américains en Irak serait très mal perçu par la population, qui avait approuvé à près de 80 % le retrait des troupes en 2011, selon un sondage Gallup. Or, Barack Obama souhaiterait achever son second mandat, à la fin de l’année 2016, sur une note positive.