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Législatives cruciales en Belgique

La ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, le 24 mai 2014 à Bruxelles [Laurie Dieffembacq  / Belga/AFP] La ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, le 24 mai 2014 à Bruxelles [Laurie Dieffembacq / Belga/AFP]

Les Belges ont commencé à voter dimanche matin pour des élections législatives cruciales pour l'avenir du royaume, au lendemain de l'attaque meurtrière contre le Musée Juif de Bruxelles qui a choqué le pays.

"Il n'y a aucun élément d'information sur des risques pour la population qui se rendra dimanche aux urnes", a déclaré la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet. L'attaque, survenue samedi après-midi au coeur de la capitale belge, a fait trois morts, et un blessé très grave.

Près de huit millions d'électeurs sont appelés aux urnes. Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locales (06H00 GMT). Ils fermeront entre 14H00 (12H00 GMT) et 16H00 (14H00 GMT).

Les premières projections sont attendues en milieu d'après-midi. L'essentiel des enseignements de ce que la presse belge qualifie de "Mère de toutes les élections" devraient être connus aux alentours de 19H00 ou 20H00 (17H00-18H00 GMT).

Pour savoir si la Belgique s'apprête à revivre une crise comparable, voire pire, à celle née au lendemain des précédentes législatives, en juin 2010, lorsqu'il avait fallu 541 jours pour former un gouvernement, il faudra non seulement scruter les résultats à la Chambre des députés, mais aussi dans les trois régions du pays.

 

- Tous les regards vers la Flandre -

 

Une fois de plus, tous les regards se tourneront vers la Flandre, la région néerlandophone du nord du pays, et en particulier vers le score du parti nationaliste N-VA du maire d'Anvers, Bart De Wever.

La Nouvelle alliance flamande, qui prône une autonomie encore plus forte pour la Flandre et, à terme, "l'évaporation" de la Belgique, devrait sortir en tête côté néerlandophone, selon tous les sondages.

La N-VA, qui avait refusé en 2011 d'intégrer le gouvernement du Premier ministre francophone et socialiste Elio Di Rupo, a axé sa campagne sur un programme socio-économique aux accents ultra-libéraux.

M. De Wever a fait de l'éviction des socialistes du pouvoir son principal objectif. Pour y arriver, la N-VA, qui avait remporté 28,3% des voix en Flandre il y a quatre ans, devra dépasser le seuil symbolique des 30% dimanche, estiment les analystes.

Un objectif donné comme acquis il y a quelques semaines encore. Mais à l'issue d'une campagne dure, où ses adversaires ont taxé la N-VA de parti "asocial" et "séparatiste", un dernier sondage ne donnait plus aux nationalistes flamands que 29,8% des intentions de vote.

Si la N-VA n'obtient qu'une victoire "en demi-teinte" et que, parallèlement, les trois partis flamands traditionnels --chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes-- obtiennent une majorité au Parlement régional, "la tentation sera grande" pour eux "de s'allier et de rejeter la N-VA dans l'opposition", estime le politologue Jean Faniel.

Beaucoup dépendra de l'attitude des chrétiens-démocrates flamands du CD&V. Ils ont mis l'accent sur leurs qualités de "rassembleurs", peu compatible avec les accents anti-francophones de la N-VA. Mais ils ne devront pas accuser un retard trop important sur les nationalistes s'ils veulent avoir leur mot à dire.

 

- Renard dans un poulailler -

 

Dans l'hypothèse où Bart De Wever deviendrait maître du jeu en Flandre, le responsable nationaliste serait sans doute appelé à chercher des partenaires, y compris francophones, pour constituer un gouvernement fédéral. Une position quasi schizophrénique pour un homme qui clame que la Belgique ne fonctionne plus. Et un pari qui serait loin d'être gagné.

"Bart De Wever Premier ministre, ce serait comme confier la garde du poulailler à un renard", a lancé le Premier ministre sortant, Elio Di Rupo, résumant la position des francophones.

En Wallonie et à Bruxelles, la campagne a été très tendue entre le PS et les libéraux du Mouvement réformateur (MR, droite). S'ils excluent pratiquement de diriger ensemble les deux régions, cela ne devrait pas empêcher les deux plus grande formations du sud du pays de rempiler côte-à-côte au sein du gouvernement fédéral.

Les négociations débuteront dès lundi, sous la direction, pour la première fois, du roi Philippe, qui a succédé à son père Albert II en juillet. "Il ne faut en aucun cas qu'elles durent encore une fois 500 jours", avertissait samedi le journal flamand De Standaard.

 

 

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