La crise ukrainienne et le bras de fer en cours avec la Russie poussent l'Otan à accélérer sa transformation, sous la double contrainte des tensions internationales et des difficultés financières de ses membres.
"Si la Russie intervenait davantage en Ukraine, ce serait une erreur historique", a mis en garde le patron de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen, lors d'une réunion mardi à Paris consacrée à la préparation du sommet de l'Otan des 4 et 5 septembre à Newport (Pays de Galles).
Face au "plus grand défi posé à la sécurité de l'Europe en une génération", il a appelé Moscou à ne pas jouer l'escalade en Ukraine et demandé aux alliés occidentaux, notamment aux européens, de maintenir leur effort de défense.
"Notre position est très claire: les actions russes en Ukraine sont illégales, illégitimes et nous avons demandé aux Russes de se retirer", a-t-il encore déclaré à sa sortie d'un entretien avec François Hollande quelques heures plus tard.
"Nous ne discutons pas d'options militaires mais si la Russie devait intervenir davantage en Ukraine, j'envisage (que) des sanctions économiques" seront prises contre Moscou, a-t-il prévenu.
Selon le secrétaire général de l'Otan, "l'évolution de la situation sécuritaire en Ukraine" contraint l'Alliance "à revoir ses plans" et à préparer activement la défense collective de demain. "Nous devons mettre en place un plan d'action pour améliorer notre préparation", et les premières initiatives sont déjà en cours d'examen, a-t-il affirmé.
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Une transformation qui passe par une meilleure interopérabilité des forces des 28 pays membres de l'Otan et le renforcement de leurs capacités dans plusieurs domaines. Notamment en matière de renseignement, de défense anti-missiles, de contrôle et de transport aériens.
M. Rasmussen a pressé les pays membres, en particulier les Européens, de renforcer leur effort budgétaire pour préserver une défense crédible, au moment où "d'autres pays comme la Russie augmentent jusqu'à 30%" leur crédits militaires. "Nous devons être prêts à payer le prix nécessaire pour préserver notre sécurité", a-t-il fait valoir.
Seul un petit nombre de pays de l'Otan consacrent plus de 2% de leur PIB à la défense, a-t-il regretté. Et la crise ukrainienne doit, selon lui, constituer un tournant et stopper la baisse des crédits de défense des pays alliés.
- 'Engagement fort de la France' -
Les tensions avec la Russie ont en revanche montré "l'engagement très clair des Etats-Unis" pour la sécurité en Europe, a-t-il fait valoir.
M. Rasmussen s'est également félicité de "l'engagement fort de la France envers l'Otan". Mi-mars, Paris a notamment décidé d'envoyer quatre avions de combat pour renforcer, dans le cadre de l'Alliance, la surveillance aérienne au-dessus des Pays baltes.
Le général français Jean-Paul Paloméros est par ailleurs depuis 2012 à la tête du Commandement suprême allié pour la transformation, qui doit être au centre du sommet de septembre.
Face à la crise en Ukraine, "nos principaux leviers sont d'abord politique et économique", mais "l'Otan n'en demeure pas moins un acteur essentiel de cette crise", a estimé pour sa part Jean-Yves Le Drian. Le ministre français de la Défense a en particulier souhaité que les pays membres disposent avant septembre "de perspectives capacitaires claires" pour les années à venir.
Après une décennie d'engagement conjoint en Afghanistan, la solidarité des pays de l'Alliance "devra être maintenue sans la pression des opérations", a-t-il noté, soulignant l'importance de préserver la capacité à agir ensemble acquise en opération.
Interrogé sur la livraison programmée l'automne prochain de deux navires Mistral, des Bâtiments de projection et de commandement (BPC), par la France à la Russie, M. Rasmussen a souligné qu'il s'agissait d'"une décision nationale", se déclarant confiant que la France prendra les décisions qui s'imposent.