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Cracovie: des manuscrits de Beethoven et de Mozart exposés à la Bibliothèque

Manuscrit de Beethoven "la Grande Fugue" en si bémol majeur, Op. 133 pour quatuor à cordes, exposé à Cracovie le 2 avril 2014 [Pawel Mazur / AFP] Manuscrit de Beethoven "la Grande Fugue" en si bémol majeur, Op. 133 pour quatuor à cordes, exposé à Cracovie le 2 avril 2014 [Pawel Mazur / AFP]

Une fois par an, à la veille de Pâques, la Bibliothèque de Cracovie sort de ses coffres-forts ses trésors musicaux: des manuscrits de Beethoven et de Mozart provenant des collections de la Bibliothèque de l'ancien État Prussien, dont elle est le dépositaire depuis la Seconde guerre mondiale.

"Depuis dix ans, nous montrons ce qui pendant des années n'était pas montré au public et qui est un véritable trésor", explique à l'AFP Mme Elzbieta Penderecka, directrice artistique du Festival Beethoven et animatrice de la vie musicale polonaise.

A cette occasion, les mélomanes pourront admirer jusqu'au 22 avril des esquisses pour les symphonies no 9 et n. 3 (Eroica) de Ludwig van Beethoven, ou les autographes de son unique opéra Leonore (Fidelio). Y sont également exposés ceux de ses derniers quatuors, le n. 14 et la Grande fugue en Si Bémol majeur.

Parmi d'autres manuscrits de la Bibliothèque de Berlin exposés à Cracovie, figurent le Concerto pour piano n. 27 en si bémol majeur de Mozart et le concerto pour piano et orchestre de Ferrucio Busoni n. 39.

"Le but est de donner aux mélomanes l'occasion à la fois de voir les notes vivantes de grands compositeurs et d'écouter le soir en concert la musique interprétée par de grands musiciens", précise Mme Penderecka, épouse du compositeur polonais Krzysztof Penderecki.

Au travers de ces manuscrits, "on voit les personnalités des compositeurs: Mozart était très ordonné. Il écrivait sans apporter de corrections. Beethoven en revanche, c'est une tout autre personnalité. Ses manuscrits sont désordonnés, il y a des fragments barrés, des corrections. Et d'ailleurs cette passion s'entend dans ses symphonies et sa musique", commente le directeur de la Bibliothèque Jagellonne de Cracovie, Zdzislaw Pietrzyk.

Pour Hinrich Alpers pianiste berlinois, lire ces manuscrits permet de "suivre le processus de la composition d'une oeuvre".

"On peut voir que Beethoven souffrait vraiment quand il ne trouvait pas la bonne idée. Il changeait d'avis, il faisait des fautes. Il s'énervait beaucoup, il barrait souvent avec rage ses notes, déchirait des feuilles de papier, en collait d'autres. C'est très émouvant de suivre tout le processus de la composition qui grâce aux manuscrits devient visible", déclare-t-il.

Ces trésors musicaux de la "Preusische Staatsbibliothek" se sont retrouvés en Pologne après la Seconde guerre mondiale. "Craignant des bombardements à Berlin, les nazis avaient divisé les collections et caché une partie dans un couvent à Krzeszowa, en Silésie", explique M. Pietrzyk.

Après 1945, la Silésie est revenue à la Pologne suite à des modifications de frontières, avec tous les biens qui s'y trouvaient.

La Pologne se dit être légalement dépositaire de cet "héritage mondial" et souligne qu'elle avait perdu au cours de la guerre une grande partie de ses monuments historiques.

Mais l'Allemagne souhaite la restitution de la collection.

"C'est une question politique. Et nous ici, nous sommes au coeur de la culture. La musique rassemble les gens. Mais peut-être ces manuscrits devraient rester ici, en Pologne", déclare Mme Penderecka.

En 1977, pour entretenir de bonnes relations entre les "pays frères" du bloc communiste, au cours d'une visite d’État en République Démocratique Allemande (RDA) le gouvernement polonais avait restitué le manuscrit de la Symphonie n. 9 de Beethoven, ainsi que des manuscrits de Bach et Mozart, suscitant la consternation de chercheurs polonais qui voulaient les garder à Cracovie.

Selon Varsovie, la Pologne avait perdu pendant la Seconde guerre mondiale un demi-million d'oeuvres d'art, d'une valeur estimée à vingt milliards de dollars actuels.

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