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La Belgique premier pays à autoriser les mineurs à choisir l'euthanasie

Le député belge Daniel Bacquelaine, le 13 févrie 2014 au Parlement à Bruxelles [Benoît Doppagne / Belga/AFP] Le député belge Daniel Bacquelaine, le 13 févrie 2014 au Parlement à Bruxelles [Benoît Doppagne / Belga/AFP]

La Belgique est devenue le premier pays au monde à autoriser sans limite d'âge mais "en capacité de discernement" les enfants atteints d'une maladie incurable à choisir, comme les adultes, l'euthanasie pour abréger leur souffrance.

Malgré l'opposition de certains pédiatres et de la hiérarchie catholique, les députés belges ont définitivement adopté jeudi en début de soirée une modification de la loi de 2002 qui autorisait l'euthanasie pour les adultes, pour l'étendre aux "mineurs en capacité de discernement".

Le texte, déjà approuvé par le Sénat, a été adopté par une majorité de 86 députés, contre 44 votes négatifs et 12 abstentions. Il entrera en vigueur dans les prochaines semaines.

Le tableau affichant le résultat du vote sur l'extension de la loi sur l'euthanasie aux enfants, le 13 février 2014 au Parlement à Bruxelles [Benoôt Doppagne / Belga/AFP]
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Le tableau affichant le résultat du vote sur l'extension de la loi sur l'euthanasie aux enfants, le 13 février 2014 au Parlement à Bruxelles

Le vote a été troublé par un homme qui a lancé le mot "assassins" depuis les tribunes du public, avant d'être expulsé.

Avant la Belgique, pays de tradition catholique, les Pays-Bas ont autorisé sous de strictes conditions l'euthanasie pour les mineurs. Mais là où le législateur néerlandais a prévu un âge minimum de 12 ans, les élus belges, après réflexion, ont donc opté pour la notion, plus flexible, de "capacité de discernement".

Le sénateur socialiste Philippe Mahoux, déjà auteur de la loi de 2002, estime qu'il fallait aussi répondre au souhait exprimé par des pédiatres et infirmiers confrontés à la "souffrance insupportable" d'enfants, à laquelle ils ne pouvaient répondre que dans l'illégalité.

Les professeurs Stefaan Van Gool (g) et Nadine Francotte lors d'une conférence de presse des pédiatres sur l'extension de la loi sur l'euthanasie aux enfants, le 13 février 2014 à Bruxelles [Dirk Waem / Belga/AFP]
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Les professeurs Stefaan Van Gool (g) et Nadine Francotte lors d'une conférence de presse des pédiatres sur l'extension de la loi sur l'euthanasie aux enfants, le 13 février 2014 à Bruxelles

Trente-quatre médecins, des spécialistes, des juristes et des associations de tous bords ont été auditionnés par les sénateurs, qui ont écarté pour les mineurs les "souffrances psychiques", prises en compte pour les adultes.

Alors que le choix de la Belgique a un retentissement mondial et que l'euthanasie provoque des débats passionnés en France, notamment autour du cas du tétraplégique Vincent Lambert, en état végétatif chronique, les discussions sont restées feutrées dans le royaume. Selon un sondage paru en octobre, 73% des Belges sont en faveur de l'extension aux mineurs du droit à l'euthanasie.

- Transgression -

Le député socialiste belge Philippe Mahoux, auteur de la loi de 2002 sur l'euthanasie, le 12 décembre 2013 à Bruxelles [Nicolas Maeterlinck / Belga/AFP/Archives]
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Le député socialiste belge Philippe Mahoux, auteur de la loi de 2002 sur l'euthanasie, le 12 décembre 2013 à Bruxelles

"Le droit de l'enfant à demander sa propre mort est un pas de trop. Il s'agit de la transgression de l'interdit de tuer, qui constitue la base de notre société humaine", ont immédiatement réagi dans un communiqué les évêques de Belgique.

"Si un enfant est euthanasié, quel sera le message pour les autres enfants malades? On est en train de leur dire que leur vie n'a plus de valeur, qu'ils sont un poids pour la société ou pour leur famille et qu'ils doivent mourir", a déclaré une opposante ayant pris part à l'unique manifestation des "antis", qui a rassemblé quelque 300 personnes à Bruxelles.

"Il n'est pas question d'imposer l'euthanasie à qui que ce soit, à aucun enfant, à aucune famille, mais de permettre le choix de l'enfant de ne pas s'éterniser dans la souffrance", a à nouveau martelé jeudi la députée socialiste Karine Lalieux.

"Le droit d'aborder la vie et la mort ne peut être réservé aux adultes", a abondé le libéral Daniel Bacquelaine.

- Accord parental -

Carte de la législation sur l'euthanasie en Europe  [P. Pizarro / M. Merino / AFP]
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Carte de la législation sur l'euthanasie en Europe

Les partisans du texte insistent sur les "conditions strictes" prévues par la loi: le mineur devra se "trouver dans une situation médicale sans issue entraînant le décès à brève échéance", être confronté à une "souffrance physique constante et insupportable qui ne peut être apaisée et qui résulte d'une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable".

La capacité de l'enfant à comprendre le "côté irréversible de la mort", selon les mots d'une députée, sera estimée au cas par cas par l'équipe médicale et par un psychiatre ou un psychologue indépendant. Et si l’initiative de demander l’euthanasie devra venir de l'enfant, les parents devront donner leur consentement.

"Un enfant de sept, huit ou neuf ans peut-il vraiment demander une euthanasie en toute autonomie?", s'est inquiétée la députée chrétienne-démocrate flamande Sonja Becq, affirmant que "le monde nous regarde avec étonnement".

Les opposants ont aussi souligné que le monde médical belge était divisé, différents groupes de pédiatres ayant publié des appels en faveur ou contre l'extension de l'euthanasie aux mineurs.

Le gouvernement, où partisans et opposants au texte se côtoient, est resté extrêmement discret, laissant une totale liberté de vote aux parlementaires.

Selon les statistiques officielles, quelque 1.500 adultes choisissent l'euthanasie chaque année, ce qui représente environ 2% des décès dans le royaume.

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