Les Iles Marshall ont confirmé jeudi avoir renoncé à la nomination comme ambassadeur à l'Unesco d'un ex-général libanais, Jamil El Sayed, écroué pendant quatre ans après le meurtre en 2005 du Premier ministre libanais Rafic Hariri.
Des responsables de cet archipel du Pacifique ont indiqué que cette proposition avait été retirée officiellement et qu'ils tentaient de comprendre comment elle avait pu être faite en premier lieu.
"Nous publions cette information afin de prouver que nous sommes ouverts et francs sur ce que nous savons", a indiqué à l'AFP Tony de Brum, qui occupe ponctuellement les fonctions de président, en l'absence de Christopher Loeak, en voyage à l'étranger.
L'information avait été communiquée à l'AFP la veille par un diplomate sous couvert d'anonymat, à Paris.
De hauts responsables à Majuro ont indiqué jeudi que la nomination n'avait pas suivi la procédure habituelle et que les bureaux gouvernementaux, tels que les ministères de la Justice et des Finances, n'avaient aucune connaissance de ces démarches.
Les représentants du gouvernements des îles Marshall ont ainsi été surpris lorsqu'ils ont été interrogés sur cette nomination mercredi et ils ont immédiatement envoyé une lettre à l'Unesco pour l'annuler.
La décision de nommer l'ex-général libanais à l'Unesco, dont le siège est à Paris, avait été révélée lundi par le quotidien français Le Figaro. Grâce à l'immunité diplomatique dont il disposerait, l'ancien maître espion éviterait ainsi d'éventuelles poursuites du Tribunal spécial sur le Liban (TSL), notait le quotidien.
Jamil El Sayed affirme avoir été détenu arbitrairement de 2005 à 2009 à la suite de dénonciations calomnieuses dans l'affaire Hariri.
Premier ministre libanais jusqu'à sa démission en octobre 2004, Rafic Hariri se rendait à son domicile le 14 février 2005 lorsqu'une explosion, équivalente à celle de 2,5 tonnes de TNT l'a projeté hors de son véhicule blindé, faisant 22 autres morts et 226 blessés.
Si l'attentat avait d'abord été attribué aux généraux libanais pro-syriens, le Tribunal spécial pour le Liban a, en 2011, délivré des mandats d'arrêt contre quatre suspects, membres du mouvement chiite Hezbollah, soutenu par la Syrie et l'Iran, et qui a rejeté toute paternité de l'attentat.
Mustafa Badreddine et Salim Ayyash sont accusés d'avoir préparé et exécuté l'attaque. Hussein Oneissi et Assad Sabra sont accusés d'avoir fait parvenir à la chaîne d'information télévisée Al-Jazeera une fausse cassette vidéo pour revendiquer le crime au nom d'un groupe fictif.
Le procès par contumace de ces quatre hommes s'est ouvert à la mi-janvier à La Haye.