Les négociations salariales pour mettre fin à la grève des mineurs des trois premiers producteurs mondiaux de platine en Afrique du Sud ont repris mardi à Pretoria, le gouvernement croisant les doigts pour que le mouvement reste pacifique.
Environ 80.000 mineurs ont cessé le travail à l'appel du syndicat Amcu depuis le 23 janvier, pour arracher 12.500 rands de salaire mensuel de base (830 euros, +150%), déjà réclamés en 2012 lors de la grève sauvage qui avait tourné au bain de sang à Marikana.
"Les discussions doivent reprendre aujourd'hui" mardi, a indiqué une porte-parole de l'industrie à l'AFP.
Les trois groupes industriels concernés, Anglo American Platinum (Amplats), Impala Platinum (Implats) et Lonmin, se font discrets depuis le début des négociations.
Plus de 70% de la production mondiale
L'Afrique du Sud produit plus de 70% du platine mondial. Avec la grève, la moitié de la production est affectée et le manque à gagner quotidien est estimé à 27 millions d'euros par la Chambre sud-africaine des mines.
Le secteur emploie au total environ 134.000 salariés.
Le mouvement lancé par Amcu est à haut risque moins de deux ans après les violences de Marikana: en août 2012, une grève sauvage avait éclaté chez Lonmin et la police avait tiré sur un rassemblement de mineurs, faisant 34 morts.
Le gouvernement a mobilisé le même négociateur qui avait mis fin à la grève sauvage chez Lonmin en 2012 après plusieurs semaines de négociations tendues. Ce responsable appartient au CCMA, l'organisme paritaire de médiation des confits du travail.
Samedi, il a mis sur la table une proposition examinée depuis par Amcu et les industriels, qui espèrent conclure un accord pluri-annuel pour éviter d'autres grèves.
"L'industrie n'a pas les moyens de satisfaire les demandes salariales d'Amcu. Cela pousserait les entreprises dans le rouge", a estimé l'économiste en chef de la Chambre sud-africaine des mines Roger Baxter, lors d'une conférence au Cap.
Selon lui, les coûts de main-d'oeuvre dans les mines d'Afrique du Sud ont plus que doublé en deux décennies.
La grève a donné lieu à des incidents isolés et reste dans le cadre légal. "Nous avons restauré l'Etat de droit, la paix et la stabilité du secteur", s'est félicité la ministre sud-africaine des Mines Susan Shabangu.
Cela "ruine le mythe selon lequel la législation du travail en Afrique du Sud manque de flexiblité et ne sert qu'à protéger les travailleurs", a-t-elle ajouté.