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70 ans après, l'enfant juif miraculé retrouve son sauveteur

Le survivant de l'holocauste Leon Gersten (de dos) rencontre le fils de son sauveteur, le Polonais Czeslaw Polziec (g), le 27 novembre 2013 à New York [Jennie Matthew / AFP] Le survivant de l'holocauste Leon Gersten (de dos) rencontre le fils de son sauveteur, le Polonais Czeslaw Polziec (g), le 27 novembre 2013 à New York [Jennie Matthew / AFP]

Un juif, caché sous un réservoir à grain en Pologne alors qu'il était enfant pour échapper aux nazis, a revu mercredi le fils de ses sauveteurs, 70 ans plus tard.

 

Leon Gersten, âgé aujourd'hui de 79 ans et devenu Américain, accompagné de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, a serré avec émotion la main de Czeslaw Polziec, 81 ans, à son arrivée à l'aéroport JFK de New York.

Les deux hommes s'étaient séparés en 1944, alors qu'ils étaient âgés d'une dizaine d'années, quand les Russes avaient libéré leur village de Frysztak. Leon Gersten avait alors émigré à New York.

"Pour moi et mes enfants, ce sont des héros", a déclaré M. Gersten, qui a pu se cacher avec sa mère, sa tante, son oncle et son cousin, de 1942 à 1944, dans la grange de l'humble ferme de la famille Polziec.

M. Polziec, qui a servi dans l'armée polonaise et survécu à l'occupation soviétique, a raconté que ses parents lui avaient dit de ne jamais parler de leurs invités.

 

Le Polonais Czeslaw Polziec avec le survivant de l'holocauste Leon Gersten à l'aéroport JFK de New York, le 27 novembre 2013 [Jennie Matthew / AFP]
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Le Polonais Czeslaw Polziec avec le survivant de l'holocauste Leon Gersten à l'aéroport JFK de New York, le 27 novembre 2013
 

"Je suis très heureux, après avoir passé 69 ans en Pologne, de pouvoir revoir enfin mon ami", a-t-il déclaré. Les nazis avaient déjà pourchassé et tué beaucoup de juifs à Frysztak, y compris les grands-parents de M. Gersten en juillet 1942.

Ni jouets, ni livres

La mère de M. Gersten, Frieda, s'était échappée du ghetto en se faisant passer pour catholique. Marchande ambulante, elle avait frappé à toutes les portes de ses clients avant d'être accueillie finalement par Maria et Stanislaw Polziec, pourtant pauvres et parents de cinq enfants.

La famille Polziec leur avait construit un abri souterrain, recouvert d'un réservoir à grains pour échapper aux rafles. Elle leur donnait du pain chaque semaine et les enfants Polziec cueillaient des champignons dans la forêt pour leur faire de la soupe.

Un jour les nazis sont venus dans la ferme et ont battu violemment Stanislaw Polziec, qui n'a cependant jamais révélé où se trouvaient les cinq juifs.

Il n'y avait rien dans le souterrain pour s'occuper. "Nous n'avions ni jouets, ni livres, rien pour nous occuper que regarder les araignées attraper les mouches", a raconté Leon Gersten.

 

Le survivant de l'holocauste Leon Gersten, âgé de 79 ans, le 27 novembre 2013 à New York [Jennie Matthew / AFP]
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Le survivant de l'holocauste Leon Gersten, âgé de 79 ans, le 27 novembre 2013 à New York
 

Ils passaient leur temps à s'enlever les poux de la tête, à rêver à un avenir meilleur et donnaient parfois un coup de main à leurs hôtes.

"Nous vivions dans l'espoir. En tant qu'enfant j'avais ce sentiment d'immortalité. L'idée qu'on puisse me tirer dessus et me tuer ne me venait pas à l'idée", a-t-il ajouté.

En 1998, Leon Gersten a pu rencontrer une des soeurs de Czeslaw venue travailler aux Etats-Unis, mais la communication était difficile car Gersten ne parlait plus polonais.

Et après la mort de la mère de Gersten, les deux familles ont perdu le contact.

Leon Gersten va emmener maintenant Czeslaw Polziec visiter Long Island et New York pour célébrer la fête juive de Hanoucca et partager le traditionnel repas américain de Thanksgiving jeudi.

Leur rencontre a été facilitée par la Jewish Foundation for the Righteous (Fondation juive pour les Justes), qui aide financièrement 650 sauveteurs européens de l'holocauste qui sont âgés ou dans le besoin.

Six millions de juifs ont été exterminés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus de la moitié d'entre eux étaient polonais. Parmi eux se trouvaient le père, la soeur et trois frères de Leon Gersten.

 

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