Les Suisses votent ce dimanche sur la limitation des gros salaires dans leur pays, où les patrons peuvent gagner des dizaines de millions de francs suisses par an, à la demande des Jeunes socialistes qui veulent limiter l'écart salarial de 1 à 12 dans les entreprises.
Selon le dernier sondage, effectué à la demande de la Radio télévision suisse, ce texte devrait être refusé par les électeurs, qui suivent ainsi les recommandations du gouvernement. Il est fermement opposé à ce texte car, selon lui, il ferait plonger les recettes fiscales du pays et pourrait dissuader les entreprises étrangères de s'y installer.
Selon le système de démocratie semi-directe en Suisse, les citoyens peuvent demander un vote sur un texte qu'ils ont élaboré et appelé initiative populaire, à condition d'obtenir au moins 100.000 signatures d'électeurs la soutenant.
Appelée "1:12", cette initiative vise à faire en sorte qu'au sein d'une même entreprise le salarié le mieux payé puisse gagner au maximum 12 fois plus que celui qui est le moins bien payé.
ci-dessus
Les auteurs de l'initiative entendent ainsi fixer une limite aux salaires des plus hauts cadres et pousser les salaires les plus bas à la hausse.
Selon un sondage réalisé il y a une dizaine de jours, 54% des Suisses y sont opposés.
Dans son édition de samedi, le journal suisse Le Temps relève qu'au "coeur d'une Europe en crise, l'heure est à la réduction des inégalités, réelles ou ressenties".
"Il y a un climat de méfiance face à ceux qui gagnent de l’argent", déclare ainsi au journal Jean-Claude Biver, un homme d'affaires suisse ayant fait fortune dans l'horlogerie et patron des montres Hublot.
"Si les Français pouvaient voter, non seulement ils accepteraient 1:12, mais ils accepteraient même 1:1", a-t-il poursuivi.
Ce sont les excès salariaux des grands patrons de multinationales en Suisse, recrutés et payés à prix d'or, qui ont fini par excéder une partie de la population.
Il y a 8 mois à peine, les Suisses ont déjà massivement approuvé à 67% une initiative interdisant les parachutes dorés des patrons, un texte combattu par le gouvernement et le patronat.
Cette fois, ce sont les salaires colossaux versés aux patrons des banques et de l'industrie pharmaceutique qui sont dans la ligne de mire.
Selon des chiffres publiés dans la presse, l'écart chez Nestlé allait de 1 à 73 en 2011. Chez Novartis, il se situait de 1 à 266. Enfin, au Crédit Suisse, en 2010, en pleine débâcle financière, le patron Brady Dougan avait empoché 90 millions de francs suisses (72 M euros), soit 1.812 fois plus que le plus petit salarié de la banque.
Selon le centre de recherches conjoncturelles de l’École polytechnique fédérale de Zurich, l'initiative concerne entre 1.000 et 1.300 des sociétés, soit une partie infime des entreprises suisses.
"Je comprends l'agacement du peuple suisse face à quelques salaires qui ne sont pas mérités. Mais cette initiative reviendrait à nous tirer une balle dans le pied", a expliqué à l'AFP Christophe Darbellay, le président du parti démocrate chrétien, opposant au texte. Il minerait, affirme-t-il, la compétitivité de la Suisse.
Les Suisses doivent aussi se prononcer dimanche sur deux autres textes : soit une initiative prévoyant des déductions fiscales pour les mères au foyer, et la forte hausse de la vignette automobile, qui devrait passer de 40 CHF (32 euros) à 100 CHF (81 euros) par an, pour financer le réseau routier. Elle n'a pas été augmentée depuis 18 ans.
La hausse de la vignette devrait être acceptée, alors que le sort de l'initiative sur les familles est incertain, selon les derniers sondages.