Le Sénat américain a adopté jeudi un projet de loi historique interdisant aux entreprises d'embaucher ou de licencier une personne sur la base de son identité ou orientation sexuelle, mais le texte doit encore passer l'épreuve de la Chambre.
Une décennie après une première tentative avortée de faire approuver un tel texte, l'"Employment Non-Discrimination Act" (ENDA) a été voté par 64 voix contre 32 dans la haute assemblée à majorité démocrate, avec un fort soutien bipartisan.
"Le Sénat a parlé de façon claire pour mettre fin à la discrimination sur le lieu de travail", a lancé le sénateur démocrate Jeff Merkley, fervent défenseur du texte. "J'espère à présent que la Chambre fera de même", a-t-il ajouté.
L'administration démocrate du président Barack Obama a immédiatement réagi à l'issue du vote, se félicitant de ce texte qui entend "mettre fin à l'injustice touchant nos concitoyens américains qui se voient refuser un emploi ou se font licencier juste parce qu'ils sont gays, lesbiennes, bisexuels, ou transsexuels".
Le communiqué de la Maison Blanche appelle également au plus vite la Chambre des représentants, à majorité républicaine, à "mettre au vote ce texte et à l'envoyer sur le bureau (du président Obama) pour qu'il devienne loi".
Si les défenseurs de l'ENDA présentent ce projet comme l'une des législations sur les droits civiques les plus importantes de ces dernières années, en face les opposants conservateurs y voient un "poignard" planté en plein coeur de la liberté de religion.
Les oppositions d'élus républicains ont toutefois largement diminué depuis la semaine dernière, le texte ayant connu toute une série de remaniements visant notamment à protéger les groupes religieux.
Mais cette législation risque quand même de rester lettre morte au sein de la Chambre des représentants, dont le président John Boehner a déjà prévenu qu'elle pourrait nuire aux entreprises.
Même si la plupart des Américains considèrent qu'une telle discrimination sur la base de l'identité ou l'orientation sexuelle est illégale, il est en fait actuellement autorisé dans une grosse vingtaine d'Etats, accueillant près de 76 millions de travailleurs américains, d'appliquer cette différence de traitement aux employés gays, lesbiennes, bisexuels ou transsexuels.