Dans les zones tribales pakistanaises, près d'1,5 million d'enfants n'ont pu être vaccinés contre la poliomyélite en raison de l'opposition des talibans présents dans ces régions. Alors que la campagne d'éradication de la maladie doit s'achever dans deux ans, ce blocage risque de la propager de nouveau.
Selon un communiqué d'Eglises d'Asie (agence d'information des missions étrangères de Paris), ce sont 1,5 million d'enfants sur les 34 millions concernés par la dernière campagne de vaccination qui ont été empêchés de recevoir le vaccin contre la poliomyélite. Un blocage dramatique qui pourrait avoir des conséquences sanitaires désastreuses.
Mise en péril de l'éradication de la poliomyélite
Depuis 1998, l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) mène une campagne d'éradication de la polio en vaccinant tous les enfants de moins de 5 ans. La fin de cette vaste campagne était prévue dans deux ans par les autorités sanitaires. Mais le blocage des talibans pourrait tout remettre en cause, selon l'OMS.
Dans les zones tribales où la vaccination est exclue par les talibans, de nombreux foyers de la maladie ont été recensés, laissant craindre une nouvelle épidémie.
"Notre crainte est que le virus se répandre à partir de ces zones d'infestation et mette en péril l'achèvement de la campagne d'éradication de la polio", déplore le Dr Elias Durry, coordinateur de l'OMS, selon les informations d'Eglises d'Asie.
Théories du complot
Pour justifier leur opposition à cette vaccination, les talibans affirment que le vaccin est un complot de l'Occident contre les musulmans, suscitant un climat de peur dans la population.
Selon l'argumentaire des talibans, le vaccin anti-polio contiendrait du porc et serait une méthode de stérilisation. "Les parents qui ont refusé la vaccination ont dit à nos équipes sur le terrain que le vaccin contenait du gras de porc et qu'il rendait même les enfants infertiles", expliquait ainsi à l'AFP en 2012 Janbaz Afridi, responsable de la campagne de vaccination dans la province du Khyber Pakhtunkhwa.
Autre croyance : les membres des organisations humanitaires seraient en réalité des espions à la solde des Etats-Unis. Les talibans s'appuient ici sur l'affaire Shakeel Afridi, médecin condamné pour avoir participé à une fausse campagne de vaccination contre l'hépatite mise en place par la CIA en 2011 afin de localiser Oussama Ben Laden.
C'est dans ce contexte que neuf humanitaires œuvrant à la campagne de vaccination ont été tués par les talibans en 2012.