Des responsables de l'armée britannique ont rejeté lundi, lors d'une enquête publique, "les rumeurs sans fondement" qui rapportaient que des soldats auraient mutilé les corps d'insurgés irakiens après une bataille en 2004.
L'enquête "Al-Sweady", du nom d'Hamid Al-Sweady, un Irakien décédé à l'âge de 19 ans, se penche sur des accusations selon lesquelles des soldats britanniques auraient tué des Irakiens qu'ils avaient faits prisonniers après un échange de tirs à un barrage de contrôle dans la province de Maysan, dans le sud de l'Irak, en mai 2004.
Les soldats britanniques sont aussi accusés d'avoir torturé des prisonniers au Camp Abu Naji (CAN) et dans un centre de détention entre mai et septembre 2004.
Lors d'une audience lundi, le colonel Adam Griffiths a déclaré n'avoir vu aucune preuve qui suggèrerait qu'une dizaine de corps transportés au Camp d'Abu Naji aient été mutilés avant d'être remis aux proches des victimes.
"Je n'ai jamais cru que l'un de nos soldats ait mutilé un corps, je ne l'ai pas vu à l'époque et je n'ai vu aucune preuve depuis qui accréditerait cette idée", a-t-il déclaré pendant l'audience de l'enquête publique.
Il a suggéré que ces rumeurs avaient pu notamment provenir "de l'ignorance de la population locale quant aux blessures qui peuvent être infligées lors de combats".
Certains des cadavres avaient des membres brisés et des blessures par balles, a ajouté le colonel Griffiths qui a néanmoins reconnu que l'ordre de ramener des corps au camp était "très inhabituel".
Le sergent James Gadsby qui a aidé à décharger les corps au Camp Abu Naji, a également affirmé lors de cette audition que, selon lui, les corps présentaient des blessures de combat.
"Je n'ai pas remarqué de blessures qui auraient pu être causées autrement que par des tirs sur le champ de bataille", a-t-il déclaré.
L'enquête publique a débuté en mars et a été ordonnée après la plainte de cinq Irakiens pour violation des droits de l'homme devant la Haute Cour.
En décembre 2012, le ministère de la Défense a annoncé avoir versé 15,1 millions de livres (17,6 millions d'euros) de dommages et intérêts à plus de 200 Irakiens qui accusaient les troupes britanniques de les avoir détenus illégalement et torturés à la suite de l'invasion de l'Irak en 2003. Les troupes de combat britanniques ont quitté l'Irak en 2009.
Une autre enquête publique en septembre 2011 avait conclu qu'un Irakien de 26 ans, Baha Moussa, était décédé en 2003 à Bassora à la suite de "violences gratuites" de soldats britanniques.