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Présidentielle au Mali : second tour incertain

Les candidats à l'élection présidentielle malienne, Soumaïla Cissé (g) et Ibrahim Boubacar Keïta [Georges Gobet / AFP/Archives] Les candidats à l'élection présidentielle malienne, Soumaïla Cissé (g) et Ibrahim Boubacar Keïta [Georges Gobet / AFP/Archives]

Un second tour à l'issue incertaine opposera, dans l'élection présidentielle au Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, un cacique de la vie politique, et Soumaïla Cissé, un économiste, qui a dénoncé des fraudes.

Ibrahim Boubacar Keïta, dit "IBK", est arrivé largement en tête du premier tour du 28 juillet avec 39,2% des voix, devant Soumaïla Cissé, qui a obtenu 19,4%, selon les résultats officiels publiés vendredi.

Le second tour doit avoir lieu le 11 août, ce qui laisse à peine neuf jours aux deux candidats pour mener leur campagne dans un pays qui a été déstabilisé par un an et demi de crise politico-militaire.

Le candidat du plus grand parti malien, l'Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), Dramane Dembélé, arrive en troisième position avec près de 9,6%, selon le ministre de l'Administration territoriale (Intérieur), le colonel Moussa Sinko Coulibaly.

Le quatrième, Modibo Sidibé, un ancien Premier ministre comme Ibrahim Boubacar Keïta, obtient près de 4,9% des suffrages. Et les 24 autres candidats du premier tour -y compris un qui s'était retiré de la course avant le scrutin- se partagent les voix restantes.

Le taux de participation est de 51,5%, exceptionnel pour le Mali où la participation à ce type de scrutin n'avait jamais dépassé 38%, mais plus de 403.000 bulletins ont été déclarés nuls.

Soumaïla Cissé s'est interrogé sur ces bulletins nuls et a exigé que, pour le second tour, "des mesures concrètes soient prises pour juguler la fraude" qui a caractérisé selon lui le premier tour.

"L'arbre de la grande mobilisation du peuple malien le 28 juillet ne doit pas cacher la forêt de l'impréparation, de la mauvaise organisation et de la fraude qui ont caractérisé le premier tour de l'élection présidentielle",

Soumaïla Cissé, candidat à l'élection présidentielle au Mali, tient une conférence de presse, le 2 août 2013 à Bamako [Habibou Kouyate / AFP]
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Soumaïla Cissé, candidat à l'élection présidentielle au Mali, tient une conférence de presse, le 2 août 2013 à Bamako
 

Ibrahim Boubacar Keïta n'avait pas réagi vendredi aux résultats, mais un de ses partisans, Hamadou Maïga a déclaré: "Je ne suis pas content! Ils ont magouillé, il n'y aurait pas dû y avoir de deuxième tour. 400.000 bulletins nuls, ce n'est pas normal".

Second tour ouvert

L'annonce d'un second tour devrait apaiser et rassurer les partisans de Soumaïla Cissé car, en dépit de son avance de 20 points, une victoire au second tour d'Ibrahim Boubacar Keïta est loin d'être acquise.

La logique voudrait que les voix de Dramane Dembélé et Modibo Sidibé, soit 14,5%, se reportent sur Soumaïla Cissé.

Ce dernier est, comme eux, membre du Front pour la démocratie et la République (FDR), coalition de partis et de mouvements de la société civile créée après le coup d'Etat du 22 mars 2012 qui avait précipité la chute du nord du Mali aux mains de groupes jihadistes.

L'Adéma a d'ailleurs pris vendredi soir la décision de soutenir Soumaïla Cissé.

"L'Adéma soutient le candidat Soumaïla Cissé au second tour et nous allons battre campagne à ses côtés", a déclaré à l'AFP Iba N'Diaye, président par intérim de l'Adéma, à l'issue d'une réunion de la direction du parti.

Tout dépendra également des consignes de vote des autres candidats au premier tour, qui représentent au total plus du quart des votants.

A Abidjan, où il est venu remercier Alassane Ouattara, chef de l'Etat ivoirien et président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) de son soutien, Diango Cissoko, Premier ministre malien de transition, a dit espérer qu'après le second tour "la République du Mali sera entièrement sortie de cette crise".

Malgré les inquiétudes, le premier tour s'était déroulé sans aucun incident majeur et avait fortement mobilisé les Maliens, signe de leur volonté de sortir au plus vite d'un an et demi de crise.

Des partisans d'Ibrahim Boubacar Keïta fêtent les résultats du premier tour de la présidentielle, le 30 juillet 2013 à Bamako [Habibou Kouyate / AFP]
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Des partisans d'Ibrahim Boubacar Keïta fêtent les résultats du premier tour de la présidentielle, le 30 juillet 2013 à Bamako
 

Cette crise a débuté en janvier 2012 par une offensive de rebelles touareg dans le Nord, suivie par un coup d'Etat, une occupation du Nord par des groupes criminels et jihadistes liés à Al-Qaïda, et enfin une intervention armée étrangère initiée par la France pour les en chasser.

Après son intervention militaire réussie pour chasser les groupes islamistes armés du Nord, la France avait exercé une forte pression sur le régime de transition à Bamako pour qu'il organise l'élection en juillet. Paris n'a pas non plus caché sa satisfaction et son soulagement après le premier tour.

Quel qu'il soit, le nouveau président aura la lourde tâche de relever un Mali économiquement exsangue et surtout de réconcilier des communautés plus divisées que jamais.

Le président français François Hollande a indiqué que son pays lui "apportera tout son soutien". Il a aussi souhaité que le second tour de scrutin soit préparé "avec la même rigueur" que le premier.

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