Au moins 38 personnes ont été tuées vendredi soir dans un attentat suicide contre un café à Kirkouk, dans le nord de l'Irak, a-t-on appris auprès du médecin de la morgue, le docteur Ibrahim Chakour.
L'attentat, qui a également fait 29 blessés, a été perpétré par un kamikaze portant une ceinture d'explosifs, a eu lieu à 22h30 locales dans le quartier sud de Wahd Hozeran, lorsque les habitants se trouvaient dans les rues au terme de leur journée de jeûne pour le Ramadan, a-t-on appris de source policière et médicale.
Les cafés sont particulièrement fréquentés les soirs de Ramadan.
Des dizaines de personnes, paniquées, criant, et pour certaines couvertes de sang, se sont précipitées à l'hôpital à la recherche de parents disparus, tandis que les forces de sécurité, irakiennes et kurdes, bouclaient les rues de la ville, a indiqué le docteur Chakour, responsable de la morgue à l'hôpital principal de Kirkouk, à 240 kilomètres au nord de Bagdad.
Tous les morts sont des jeunes hommes, selon le médecin.
"Les gens s'étaient réunis au café après l'Iftar (le repas de rupture du jeûne) pour y jouer aux dés. Un gros homme est rentré dans le café et nous avons juste entendu 'Allah u Akbar' et puis tout a été détruit", a raconté Ahmad al-Bayati, qui s'en est sorti avec une blessure à la jambe.
Après l'explosion "il y avait des gens qui brûlaient", a-t-il ajouté.
Yahiya Abdul Rahman, patron d'un café proche du Classico, celui frappé par l'explosion, a estimé que "toutes les communautés étaient ciblées" par cette attaque.
"Nous avons aussitôt fermé notre café de peur d'une seconde attaque", a-t-il ajouté.
Tous les cafés de la ville ont d'ailleurs été fermés dans la foulée par ordre de la police.
Ceci porte à plus de 300 le nombre de personnes tuées dans des actes de violence en Irak depuis le début du mois, selon un bilan établi par l'AFP.
Plus tôt dans dans la journée, neuf personnes, dont un général de la police, avaient été tués dans des attaques visant principalement les forces de sécurité, au lendemain d'une série de violences qui a fait 56 morts, selon des sources sécuritaires et médicales.
Le général Sabri Abed Issa se rendait dans une mosquée d'un village non loin de Charqat, au nord-ouest de Bagdad, lorsqu'il est tombé dans une embuscade, selon la police et un médecin légiste.
A Mouqdadiya, au nord-est de la capitale, un policier à la retraite a été assassiné devant chez lui par un groupe armé.
Toujours au nord de Bagdad, un membre des milices anti-Al-Qaïda a été tué par une bombe près de Bakouba.
A Mossoul, dans le nord du pays, un kamikaze a tué quatre policiers et en a blessé deux en faisant sauter à un barrage la voiture piégée qu'il conduisait.
Un autre policier a été tué par l'explosion d'un engin piégé sur une route au sud de Mossoul, tandis qu'un civil est mort en ville dans l'explosion de sa voiture sur laquelle une bombe avait été fixée.
L'escalade des violences a ravivé les craintes d'un nouveau conflit confessionnel entre la majorité chiite, qui contrôle le gouvernement, et la minorité sunnite, qui dominait le pays sous l'ancien président Saddam Hussein.