La Croatie faisait le compte à rebours dimanche avant son entrée dans l'Union européenne le 1er juillet, mais les festivités sont assombries par les graves problèmes économiques qu'affronte cette ex-république yougoslave.
A part des drapeaux de l'UE flottant aux côtés des drapeaux croates sur les sièges des institutions officielles, rien dans les rues de Zagreb, la capitale, ne laissait supposer que lundi à 00h00 heure locale (dimanche 22h00 GMT), ce pays de l'ex-Yougoslavie devenu indépendant après une guerre sanglante (1991-95) allait vivre un moment historique.
Certes, sur la place centrale de Ban Jelacic, trois scènes et une tribune enveloppées de bleu, la couleur de l'UE, ont été édifiées, pour accueillir les invités de marque et les festivités auxquelles devaient participer plus de 700 artistes, chanteurs, musiciens et danseurs.
ci-dessus
Mais Mihaela Dina, une touriste roumaine, croisée non loin, commentait: "On peut se dire qu'il va y avoir un concert, mais si on n'est pas informé, on ne s'imagine pas que les Croates se préparent à fêter leur entrée dans l'UE".
La partie solennelle des cérémonies devait débuter à 21h00 GMT et durer une heure et demie. Elle comportait la projection sur des écrans couvrant les façades de certains immeubles entourant la place Jelacic de quelques-unes des perles du patrimoine culturel de la Croatie.
A minuit, le panneau de signalisation frappé de l'inscription "douane" devait symboliquement être retiré du passage frontalier avec la Slovénie, la seule ex-république yougoslave qui ait rejoint à ce jour l'UE (2004) depuis le démantèlement de l'ancienne fédération communiste.
Dans le même temps un panneau portant le sigle de l'UE devait être installé à l'extrême Est du pays, à la frontière avec la Serbie, pays à qui Bruxelles à donné vendredi son feu vert pour l'ouverture de négociations d'adhésion.
Au même, "L'ode à la joie" de Beethoven - hymne de l'UE -, devait être entonnée, puis le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le président croate Ivo Josipovic devaient prendre la parole au cours de cérémonies sur la place centrale de Zagreb, alors que des feux d'artifice éclaireraient le ciel.
Les présidents de tous les pays des Balkans étaient au rendez-vous à Zagreb.
Une centaine de responsables internationaux - dont le président du Conseil européen Herman Van Rompuy - étaient attendus pour assister dans la soirée à la fête de l'adhésion.
En dehors des dirigeants européens, aucune personnalité internationale n'a annoncé sa participation, mais la fête est davantage assombrie par la non-participation de la chancelière allemande Angela Merkel, en raison de spéculations de la presse croate autour de son absence.
ci-dessus
Car malgré les démentis de Berlin, la presse croate assure que l'absence de Mme Merkel est liée au refus de Zagreb d'extrader un ancien chef du renseignement yougoslave recherché par la justice allemande, en lien avec le meurtre d'un dissident croate sur le territoire allemand en 1983.
La Croatie est le premier Etat à rejoindre l'UE depuis l'adhésion, en 2007, de la Roumanie et de la Bulgarie.
"Les cérémonies de célébration vont être belles et pleines d'émotion, mais bien sûr elles vont être modestes en raison de la situation économique" difficile, a déclaré le président Ivo Josipovic à l'AFP.
Il faisait référence à la crise économique qui frappe la Croatie, en récession depuis 2009, et où le taux de chômage touche 20% des quelque 4,2 millions d'habitants.
Le gouvernement de centre gauche espère que l'adhésion à l'UE encouragera les investissements étrangers dont le pays a grandement besoin pour relancer son économie en perte de vitesse.
En Croatie, le PIB est de 39% en dessous de la moyenne européenne, seule la Roumanie et la Bulgarie étant derrière la Croatie, selon l'office des statistiques de l'UE.
ci-dessus
"300.000 chômeurs, que vont-ils fêter? Est-ce que l'UE a une baguette magique pour faire disparaître tous les problèmes?", s'interroge un internaute sur la page officielle du gouvernement croate sur le réseau social Facebook.
Pourtant, Tihana Strmecki, une ingénieur âgée de 48 ans, vivant à Sisak (centre) est optimiste. "Je suis contente. Nous allons faire partie de l'Europe", dit-elle.
Avec le feu vert à la Serbie pour l'ouverture des négociations d'adhésion et celui accordé au Kosovo pour la conclusion d'un accord de stabilisation et d'association, première étape d'une longue marche vers l'UE, la poursuite du processus d'élargissement dans les Balkans semble assurée.
Mais à Bruxelles, les analystes font valoir que ce processus risque d'être plus long et accompagné de plus de prudence que les précédents.