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Libye : trois soldats tués dans des affrontements à Benghazi

Un membre des forces de sécurité libyennes, le 17 mai 2013 à Benghazi [Abdullah Doma / AFP/Archives] Un membre des forces de sécurité libyennes, le 17 mai 2013 à Benghazi [Abdullah Doma / AFP/Archives]

Au moins trois soldats ont été tués dans de violents affrontements qui opposaient tôt samedi matin les Forces spéciales libyennes et un groupe de manifestants armés s'en prenant à des installations de l'armée et de la police, selon un journaliste de l'AFP et des témoins sur place, tandis que le chef de l'armée libyenne par intérim a mis en garde contre un "bain de sang".

Des échanges de coups de feu nourris ainsi que des explosions étaient entendus depuis 04H00 locales (02H00 GMT) près du QG des Forces spéciales, non loin du centre-ville, selon un journaliste de l'AFP et des témoins.

Les combats ont perdu de l'intensité à partir de 05H30 (03H30 GMT), mais des coups de feu et des explosions étaient toujours entendus par intermittence dans la ville, selon des témoins.

Sur leur page Facebook, les forces spéciales ont indiqué que des affrontements à l'arme légère et avec tirs de roquettes les opposaient à un groupe "hors-la-loi".

Plus tard, elles ont fait état de trois morts de leur côté, ainsi que de deux blessés, affirmant que les victimes ont tuées alors qu'elles "défendaient la légitimité de l'Etat avec courage et honneur".

Elles ont prévenu qu'elles allaient "prendre pour cible quiconque qui tire sur leurs forces", une semaine après des affrontements qui avaient fait plus d'une trentaine de morts et une centaine de blessés et les avaient contraintes à quitter leur QG, sous la pression de la rue et des autorités.

Le chef d'état-major par intérim, Salem al-Konidi, a mis en garde, dans une déclaration à la chaîne de télévision Al-Aseema, contre un "bain de sang" et une "catastrophe" à Benghazi.

"Si les forces spéciales sont attaquées, il y aura un bain de sang (...) Il pourrait y avoir une catastrophe à Benghazi", a prévenu M. Konidi, affirmant ne pas connaître les assaillants ni leurs motivations.

Des membres des forces de sécurité libyennes, le 17 mai 2013 à Benghazi [Abdullah Doma / AFP/Archives]
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Des membres des forces de sécurité libyennes, le 17 mai 2013 à Benghazi
 

"S'ils ont des demandes, ils peuvent attendre jusqu'à demain (samedi). Nous pourrons discuter avec eux", a-t-il dit.

En début de soirée, des dizaines de manifestants ont délogé une brigade d'ex-rebelles, la "Première brigade d'infanterie", de son QG à Benghazi, et ont incendié deux de ses véhicules. Le chef d'état-major a affirmé avoir ordonné à cette brigade de quitter son QG pour préserver des vies.

Selon un témoin sur place, les manifestants dont certains sont armés ont tiré en l'air et lancé une roquette RPG sur le mur extérieur de la caserne, sans faire de victimes.

La "Première brigade d'infanterie" est formée d'ex-rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Elle affirme obéir aux ordres du ministère de la Défense.

Les assaillant ont attaqué par la suite un commissariat de police, des bureaux des gardes-frontières et des installations ainsi qu'un autre bâtiment administratif de la "Première brigade d'infanterie", selon des témoins.

Le week-end dernier, "Bouclier de Libye", une brigade proche des islamistes, qui affirme dépendre aussi du ministère de la Défense, a été attaquée par des manifestants anti-milices et obligée d'évacuer son QG.

Les protestataires affirmaient vouloir déloger les "milices" armées de leur ville, appelant les forces régulières à prendre le relais. Mais ces activistes affirment ne pas prendre part aux affrontements de vendredi soir et de samedi matin.

Ils accusent "Bouclier de Libye" et des groupes d'islamistes d'avoir mobilisé leurs membres pour venger leur "défaite" du week-end dernier, en s'attaquant aux forces régulières.

Les autorités, qui peinent à former une armée et une police professionnelles, ont régulièrement recours à ces ex-rebelles pour sécuriser les frontières ou s'interposer dans des conflits tribaux.

Le nouveau pouvoir en Libye n'a pas réussi à désarmer et à dissoudre les groupes d'ex-rebelles qui font la loi dans le pays et tente de légitimer certains d'entre eux malgré l'opposition d'une grande partie de la population.

Benghazi, la deuxième ville de Libye d'où était partie en 2011 la contestation qui a conduit à la chute du régime de Kadhafi, a été le théâtre ces derniers mois de plusieurs attaques contre des intérêts occidentaux et d'assassinats de responsables de la sécurité.

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