La presse algérienne a vivement critiqué mardi les informations officielles publiées au compte-goutte, dont un dernier communiqué la veille, sur l'état de santé du président Abdelaziz Bouteflika, jugeant que l'absence de communication ouvrait la voix aux rumeurs.
"À défaut d'information, la rumeur gagne et les maladresses s'accumulent. C'est ainsi que l'on peut résumer cette situation où chacun suppute, à qui mieux mieux, sur la santé du président de la République", juge le quotidien francophone Liberté.
"Dans un Etat normal, ou tout au moins normalisé, il appartient à la présidence de la République de rendre public un communiqué officiel qui l'engage et au médecin personnel du chef de l'Etat de donner un bulletin de santé hebdomadaire, puisque la semaine d'hospitalisation initialement prévue est largement dépassée", estime ce journal.
Le 29 avril, le professeur Rachid Bougherbal, qui avait soigné M. Bouteflika avant son transfert en France, avait affirmé, cité par le quotidien Ennahar, que le chef de l'Etat "reviendra en Algérie dans quelques jours... au plus tard dans sept jours".
Le Premier ministre Abdelamalek Sellal a dénoncé lundi les "fausses" informations publiées notamment par certains médias internationaux sur l'état de santé de M. Bouteflika, hospitalisé à Paris depuis plus de trois semaines, affirmant que son pronostic vital n'a "jamais" été engagé et qu'il était en convalescence.
Il ne s'était pas exprimé sur ce sujet depuis dix jours.
Le Quotidien d'Oran qualifie d'"humiliation" le fait que "c'est le Quai d'Orsay (le ministère français des Affaires étrangères) qui nous informe que Bouteflika est encore à Paris".
"A la fin deux questions: la débilité en communication est-elle une maladie algérienne? Est-elle soignable au Val-de-Grâce", l'hôpital parisien où avait été admis le président algérien le 27 avril, s'interroge ce journal.
Plus agressif, le quotidien arabophone Echorouk dénonce le fait que les "services secrets français soient informés avec précision de l'état de santé du président".
"Pourquoi ceux-là (les clans du pouvoirs) cachent-ils la vérité au peuple algérien? Il est triste de constater que les services de renseignement étrangers soient au courant du dossier médical du président pendant que le pouvoir avec son administration, ses services secrets et ses ministres sont empêtrés dans l'ignorance", regrette ce journal.
Le président algérien, 76 ans, avait été transféré en France le 27 avril à la suite d'un AVC mineur, selon les autorités.