Deux astronautes américains de la Station spatiale internationale (ISS) ont remplacé samedi dans l'espace une pompe défectueuse de la station pour stopper une fuite d'ammoniac lors d'une mission d'urgence sans précédent, mais il faudra peut-être des mois pour savoir si le problème a été définitivement résolu.
L'ammoniac est utilisé pour refroidir les circuits par lesquels transite l'électricité de la station, produite par des panneaux solaires.
La mission des astronautes Tom Marshburn et Chris Cassidy, réalisée plus rapidement que prévu, s'est déroulée en cinq heures et demi.Entamée à 12H44 GMT, la réparation s'est terminée à 18H14 GMT, a indiqué la Nasa. "Marshburn et Cassidy sont de retour à l'ISS", a tweeté sur son compte l'agence spatiale américaine.
Environ trois heures après le début de la mission, les deux astronautes sont parvenus à remplacer la pompe défectueuse. "La nouvelle pompe est installée et fonctionne", a alors indiqué la Nasa.
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Une heure plus tard, ils l'ont actionnée et ont constaté après 30 minutes d'observation aucun signe de fuite d'ammoniac. "Pas de fuites! Nous ramenons Tom et Chris à l'intérieur", a aussitôt tweeté Chris Hadfield, commandant de l'ISS qui supervise l'opération. L'agence prévient toutefois qu'il "faudra surveiller la pompe plus longtemps pour déterminer si son remplacement a bien endigué la fuite", selon un communiqué.
Les deux hommes, pour se prémunir contre toute contamination, ont ensuite attendu que le soleil brûle les traces d'ammoniac sur leurs combinaisons, avant de rejoindre la station.
Sortie sans précédent
La Nasa a souligné que les vies des six occupants de l'ISS n'étaient pas en danger tout en admettant que l'incident était "sérieux". Selon des spécialistes, cette 168ème sortie dans l'espace est sans précédent parce qu'elle a été préparée dans un très bref délai.
Dans un point presse, le directeur des vols de l'ISS, Joel Montalbano, a relevé que les astronautes avaient effectué "un travail fantastique", mais qu'il "faudra des semaines, quatre ou cinq, peut-être plus, avant d'être surs à 100% sur un diagnostic". "Des semaines ou des mois, il est trop tôt pour vous le dire. Mais ça va prendre du temps", a-t-il ajouté.
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Pour Norm Knight toutefois, le directeur des vols de la Nasa, cette sortie crée un précédent, étant "probablement l'une des plus rapides" dans l'histoire de l'agence spatiale américaine.
Les astronautes américains ont une riche expérience en matière de sorties dans l'espace et chacun a à son actif plus de 18 heures d'"activité extra-véhiculaire".
L'agence spatiale russe Roskosmos a comparé samedi une sortie dans l'espace à "un nouveau vol dans un petit vaisseau spatial" et une "promenade en orbite qui n'est pas parmi les plus faciles".
"Portant leurs scaphandres qui pèsent plus de 100 kilogrammes, les astronautes se déplacent sur leurs bras. Après chaque sortie, ils rentrent comme après une bonne bataille, avec des bras couverts de bleus et des ampoules sur les épaules", a précisé le directeur des vols du segment russe de l'ISS, Vladimir Soloviev.
L'équipage actuel de l'ISS avait alerté jeudi le centre de commandement de la Station, basé à Houston (Texas), de la présence "de petits flocons blancs flottant autour de la Station". Des images communiquées par l'équipage ont confirmé la fuite provenant d'un des systèmes de refroidissement, déjà défectueux le 1er novembre 2012.
M. Soloviev avait qualifié vendredi la fuite, détectée dans le segment américain de la station, d'"anomalie très grave".
Le directeur des programmes pilotés au sein de Roskosmos, Alexeï Krasnov, avait toutefois minimisé la gravité de l'incident en soulignant que les fuites d'ammoniac étaient assez fréquentes sur l'ISS : "Ce n'est pas la première fois qu'une telle situation se produit, malheureusement".
Outre les Américains Marshburn et Cassidy et le Canadien Hadfield, l'équipage actuel de la Station compte les Russes Roman Romanenko, Pavel Vinogradov et Alexandre Missourkine.
Le retour sur terre mardi de trois astronautes -- Romanenko, Marshburn et Hadfield -- n'est pas remis en cause, a dit la Nasa.