L'état de santé d'Abdelaziz Bouteflika, transféré samedi vers un hôpital parisien après un accident vasculaire cérébral sans séquelles, ne suscite "aucune inquiétude", affirmait dimanche Alger mais si se repose à nouveau la question de la succession du président algérien dont le mandat s'achève en 2014.
"Suite à l'accident ischémique transitoire sans séquelles que le président de la République Abdelaziz Bouteflika a subi hier (samedi), les explorations médicales complémentaires, effectuées à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, ont confirmé que son état de santé ne suscite aucune inquiétude", a expliqué le cabinet du Premier ministre à Alger.
"Cela étant, les activités officielles continueront à se dérouler normalement", a ajouté la même source dans un communiqué cité par l'agence de presse APS.
M. Bouteflika, 76 ans et au pouvoir depuis 1999, "n'a pas subi de séquelles irréversibles et aucune fonction motrice ou sensorielle n'a été altérée", a déclaré plus tôt dimanche à l'agence algérienne APS le professeur Rachid Bougherbal, directeur du Centre national de médecine sportive (CNMS) où a été soigné le président avant son départ pour Paris.
Le président algérien a été transféré à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce après avoir été victime samedi midi d'un accident "ischémique transitoire", un type d'AVC, qui "n'a pas duré longtemps". L'affection est "réversible" et "régresse" sans laisser de "lésions séquellaires", a-t-il ajouté.
Le chef de l'Etat doit simplement "compléter" son bilan et "récupérer un peu de la fatigue occasionnée par cette affection", selon lui.
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Selon Alger, M. Bouteflika avait déjà été opéré fin 2005 "d'un ulcère hémorragique à l'estomac" dans cet hôpital parisien qui accueille régulièrement des personnalités françaises et étrangères importantes.
Depuis lors, l'état de santé de M. Bouteflika, réélu en 2004 et 2009, fait régulièrement l'objet de spéculations dans les journaux algériens qui mettent en doute les versions officielles, comme cela a encore été le cas dimanche.
Quatrième quinquennat compromis
Pour le quotidien Liberté, "l'idée même de rendre publique cette information est en soi un choc médiatique", signe que "la présidence de la République a jugé, pour cette fois, que l'incident était assez sérieux pour ne pas le cacher aux Algériens".
"L'annonce hier de son hospitalisation confirme tout haut ce que tous les Algériens d'en bas suspectaient: le président est bien malade", renchérit le journal El Watan.
La presse algérienne estime en conséquence qu'il sera difficile pour M. Bouteflika de briguer un quatrième quinquennat en 2014 s'il en avait l'intention.
"La santé du président Bouteflika devient désormais un vrai souci pour vendre un 4e mandat", selon El Watan. Le Soir d'Algérie se demande même s'il sera "en mesure d'assurer ses fonctions jusqu'à la fin de son mandat".
Considéré comme le principal artisan de la réconciliation nationale après une guerre civile de près de dix ans dans les années 90, Abdelaziz Bouteflika a été souvent critiqué pour sa propension à gouverner sans partage, même s'il a dû lâcher un peu de lest ces dernières années, en levant notamment en 2011 l'état d'urgence en vigueur depuis 19 ans.
Sur le plan diplomatique, les relations avec l'ex-puissance coloniale se sont fortement réchauffées depuis l'arrivée du socialiste François Hollande au pouvoir. Cela s'est traduit par une visite d'Etat du président français en décembre et une coopération de facto d'Alger dans l'intervention française au Mali.
Les autorités françaises laissent cependant leurs homologues algériennes communiquer sur l'hospitalisation à Paris. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a dit simplement "souhaiter le rétablissement" de M. Bouteflika "qui, en tant que président de l'Algérie, est un ami de la France".