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Soudan : libération des premiers détenus politiques

Des prisonniers politiques, libérés le 2 avril 2013 d'une prison de Khartoum, s'expriment devant la presse à leur sortie [Ashraf Shazly / AFP] Des prisonniers politiques, libérés le 2 avril 2013 d'une prison de Khartoum, s'expriment devant la presse à leur sortie [Ashraf Shazly / AFP]

Khartoum a libéré mardi sept détenus politiques, les premiers au lendemain d'une amnistie annoncée par le président soudanais Omar el-Béchir qui a solennellement invité ses rivaux au dialogue.

Les six hommes et une femme sont tous membres de l'Alliance de l'opposition, qui rassemble une vingtaine de partis, a déclaré son chef Farouk Abou Issa. La plupart d'entre-eux étaient en détention depuis près de trois mois.

"C'est un pas en avant, mais nous en attendons d'autres", a commenté à l'AFP M. Abou Issa, ajoutant qu'il y'avait encore des "centaines" de prisonniers dans le pays, y compris ceux du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, deux régions frontalières où l'armée s'affronte depuis deux ans avec des rebelles.

Six détenus ont quitté mardi matin la prison de Kober à Khartoum et ils ont retrouvé leurs proches en larmes, selon un photographe de l'AFP.

Parmi eux figuraient Hisham Mufti et Abdel Aziz Khalid, deux opposants en détention depuis trois mois.

Selon Amnesty International, ils faisaient partie, avec quatre autres personnes, d'un groupe de figures de l'opposition arrêtées pour avoir rencontré en janvier à Kampala en Ouganda des rebelles et ratifié une charte prévoyant un renversement du régime de M. Béchir au pouvoir depuis 24 ans.

Un prisonnier politique soudanais serre une proche dans ses bras, à sa sortie de prison le 2 avril 2013 à Khartoum [Ashraf Shazly / AFP]
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Un prisonnier politique soudanais serre une proche dans ses bras, à sa sortie de prison le 2 avril 2013 à Khartoum
 

En février, Human Rights Watch avait appelé le Soudan à inculper ou à libérer ces six opposants, arrêtés après la rencontre de Kampala au cours de laquelle une coalition de partis politiques soudanais et de personnalités de la société civile avait ratifié la charte de la Nouvelle aube avec des représentants rebelles venus des régions soudanaises du Darfour, du Kordofan-Sud et du Nil-Bleu.

Ce pacte fixe comme objectif un changement de régime du président Béchir, à la fois par les armes et par des moyens pacifiques.

Intervenant lundi à l'ouverture d'une session parlementaire, M. Béchir a annoncé la libération de tous les prisonniers politiques et a relancé une invitation au dialogue.

"Nous annonçons aujourd'hui une décision de libérer tous les prisonniers politiques et renouvelons notre engagement, auprès de toutes les forces politiques, en faveur du dialogue", a déclaré M. Béchir sans donner d'indications sur le nombre de prisonniers concernés, ni de calendrier.

"Nous confirmons que nous allons continuer à communiquer avec toutes les forces politiques et sociales, sans exclure personne, y compris ceux qui sont armés, en vue d'un dialogue national qui apportera une solution à toutes les questions", a-t-il ajouté.

Des opposants ont indiqué mardi qu'ils attendaient de voir si des prisonniers appartenant aux rebelles de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N), dans le Kordofan-Sud et dans le Nil bleu ont été libérés.

Selon Farouk Mohamed Ibrahim, membre de l'Organisation soudanaise de la défense des droits et des libertés, il y a "un grand nombre" de prisonniers au Kordofan-Sud et au Nil bleu, dont 118 détenus du SPLM-N suivis par son organisation dans la seule région du Nil bleu.

Le président soudanais Omar el-Béchir, le 26 mars 2013 à Doha lors d'un sommet de la Ligue arabe [Karim Sahib / AFP/Archives]
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Le président soudanais Omar el-Béchir, le 26 mars 2013 à Doha lors d'un sommet de la Ligue arabe
 

Le chef des rebelles de la branche Nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N), Malik Agar, a affirmé dans un message écrit à l'AFP qu'aucun prisonnier de son groupe n'avait encore été relâché.

L'armée et le SPLM-N s'affrontent depuis l'été 2011 au Kordofan-Sud et au Nil Bleu, deux régions frontalières avec le Soudan du Sud où Khartoum cherche à affirmer son autorité. Les combats meurtriers ont touché un million de personnes, dont 200.000 ont dû se réfugier en Ethiopie ou au Soudan du Sud.

Le Soudan a besoin d'une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 2005 basée sur l'accord de paix qui avait mis fin à 23 ans de guerre civile entre Nordistes et Sudistes et entraîné la sécession du Soudan du Sud en juillet 2011.

Le vice-président soudanais Ali Othmane Taha, potentiel successeur de M. Béchir, s'était déclaré en mars favorable à une participation des rebelles combattant contre l'armée dans le sud, avec lesquels Khartoum avait jusqu'à présent exclu tout dialogue, à l'élaboration de la nouvelle Constitution.

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