L'armée malienne, appuyée par des forces françaises, a pris le contrôle complet de la ville de Konna (centre) samedi après de violents affrontements qui ont fait "une centaine de morts" dans les rangs des combattants islamistes venus du Nord, a indiqué l'état-major malien.
Le président français François Hollande, chaleureusement félicité par ses pairs d'Afrique de l'Ouest et conforté par Washington, avait confirmé vendredi l'engagement militaire français au Mali demandé par Bamako, "face à une agression d'éléments terroristes, dont le monde entier sait la brutalité et le fanatisme".
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Des combattants islamistes le 12 juillet 2012 à Gao, dans le nord-est du Mali
[Issouf Sanogo / AFP/Archives]
"Nous avons fait des dizaines de morts, même une centaine de morts parmi les islamistes à Konna. Nous contrôlons la ville, totalement", a déclaré à l'AFP le lieutenant Ousmane Fané, à Mopti (centre), région marquant la limite entre le nord et le sud du pays.
Une source sécuritaire régionale a fait état d'"au moins 46 islamistes" tués, alors qu'un habitant de Konna a dit avoir "vu des dizaines de corps" d'hommes portant des tuniques arabes et des turbans.
Selon l'armée malienne, les "dernières poches de résistance" étaient nettoyées après la contre-attaque réussie pour reconquérir la ville et enrayer l'offensive jihadiste.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a annoncé samedi qu'un officier français avait été mortellement blessé lors d'un raid d'hélicoptères "contre une colonne terroriste" se dirigeant vendredi vers deux villes de la partie sud du Mali.
Ce raid vendredi "a permis la destruction de plusieurs unités terroristes" et a "stoppé leur progression", a affirmé M. Le Drian.
Alors que la situation militaire était gelée, les combats avaient repris cette semaine, quelque 1.200 combattants islamistes s'emparant jeudi de Konna et menaçant de continuer leur offensive vers le Sud.
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Carte de l'opération française au Mali, montrée par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian lors de sa conférence de presse, le 12 janvier 2013 à Paris
[Kenzo Tribouillard / AFP]
Située à plus de 700 km de Bamako, Konna était tombée jeudi aux mains des jihadistes qui occupent depuis plus de neuf mois le nord du Mali. Cette vaste région désertique est depuis avril 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) qui ont évincé des Touareg indépendantistes.
La contre-attaque franco-malienne est partie de Sévaré, localité à 70 km au sud de Konna, dotée du plus important aéroport de la région de Mopti, où avaient atterri jeudi les éléments militaires français.
Hollande en première ligne
A la suite du président en exercice de l'Union africaine, le Béninois Thomas Boni Yayi, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a remercié samedi François Hollande pour avoir lancé l'opération baptisée "Serval" et fait avec lui un "point précis sur les opérations", a indiqué l'Elysée. M. Traoré a reporté sa visite à Paris prévue initialement mercredi.
Depuis plusieurs mois, l'Afrique de l'Ouest a proposé l'envoi, avec l'aval de l'ONU, d'une force armée africaine de plus de 3.300 hommes, que des pays européens, dont la France, l'ancienne puissance coloniale, ont promis d'aider logistiquement, pour la reconquête du Nord du Mali.
Le Burkina Faso a annoncé samedi le déploiement d'un bataillon de "500 hommes", et le Niger a confirmé un envoi de troupes.
A Bamako, la nuit a été calme et des habitants ont mis le drapeau francais sur leur voiture pour approuver l'intervention de la France.
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Le président par interim malien, Dioncounda Traoré, tient une réunion avec son gouvernement pour la déclaration d'état d'urgence dans le pays, le 11 janvier 2013 à Bamako
[Habibou Kouyate / AFP]
La Grande-Bretagne a annoncé qu'elle allait fournir une assistance militaire logistique à la France pendant son intervention au Mali "pour aider à transporter rapidement vers le Mali des troupes étrangères et des équipements".
Washington, qui a dit "partager l'objectif de la France de retirer aux terroristes leur sanctuaire dans la région", envisage aussi de lui apporter un appui "logistique", du ravitaillement en vol et des drones de surveillance, a déclaré un haut-responsable américain.
Paris avait demandé vendredi au Conseil de sécurité de l'ONU l'accélération de la mise en oeuvre de la résolution 2085 qui autorise notamment le déploiement de la Force internationale de soutien au Mali (Misma).
Le Nigeria bientôt en pointe
Le Nigeria, grande puissance de la Cédéao, a indiqué samedi matin ne pas encore avoir envoyé de troupes au Mali, mais avoir déjà dépêché une équipe technique de l'armée de l'air, ainsi que le futur commandant de la force africaine, qui sera nigérian.
Le Nigeria enverra un contingent au sein de la Misma, a déclaré un porte-parole présidentiel. Il n'en a pas précisé le niveau, mais on indique généralement à Abuja qu'il s'agira de 600 hommes.
Depuis plusieurs mois, des éléments des forces spéciales françaises et des hélicoptères sont positionnés au Burkina Faso voisin.
Le sort des huit Français enlevés dans la zone par des groupes islamistes reste un sujet crucial au moment où un otage français, détenu en Somalie depuis 2009, aurait été tué par ses geoliers, selon Paris, lors d'une opération samedi des services d'espionnage français (DGSE), qui a également fait un mort et un disparu parmi les militaires français.
Enfin en pleine crise malienne, la Libye, l'Algérie et la Tunisie ont annoncé samedi vouloir gérer ensemble la sécurité à leurs frontières et lutter contre le trafic d'armes et le crime organisé.
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