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Italie : Monti prêt à diriger mais à ses conditions

Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, le 23 décembre 2012 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP] Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, le 23 décembre 2012 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP]

Le chef du gouvernement italien Mario Monti s'est dit prêt dimanche à diriger de nouveau l'Italie après les élections de février mais sur la base d'un programme et à la tête d'un vaste mouvement politique réformateur, ouvert à la société civile.

"Aux forces qui manifesteront une adhésion convaincue et crédible au programme Monti, je suis prêt à donner mon opinion, mes encouragements, et, si on me le demande, à les diriger", a annoncé M. Monti, devant la presse, mettant fin à un suspense qui durait depuis plus d'une semaine.

Tout en multipliant prudemment les "si" et "mais", l'ex-commissaire européen s'est dit "prêt à assumer un jour, si les circonstances le veulent, les responsabilités qui me seraient confiées par le Parlement".

Il a présenté un "Agenda Monti" sous l'intitulé "Changer l'Italie et réformer l'Europe", qui prévoit un ancrage fort en Europe, des libéralisations, des mesures pour l'emploi et pour réformer la justice.

Dans un entretien avec la chaîne publique de télévision Rai Tre, le chef du gouvernement démissionnaire n'a pas exclu que les forces politiques qui le soutiendront puissent "indiquer son nom sur leur liste en tant que candidat Premier ministre", au scrutin des 24 et 25 février.

A la présentatrice de l'émission qui a qualifié sa démarche de "montée en politique", M. Monti, uniquement considéré jusqu'à présent comme un technocrate, a répondu : "j'assume la responsabilité de ce que j'ai entrepris".

Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, le 23 décembre 2012 à Rome [Vincenzo Pinto / AFP]
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Le chef du gouvernement italien, Mario Monti, le 23 décembre 2012 à Rome
 

"Pour emprunter la voie des réformes, il faut un mandat politique, il faut soumettre le programme à l'opinion des électeurs", a indiqué le chef du gouvernement, expliquant toutefois ne pas pouvoir être techniquement candidat aux législatives car il est déjà sénateur à vie.

Conscient du caractère "inhabituel" de sa stratégie, M. Monti a affirmé vouloir dépasser les clivages et a appelé tous les "réformateurs" à adopter son programme, même si cela devait conduire à "désassembler" les formations traditionnelles de droite et de gauche. Il a cité nommément plusieurs personnalités du Parti démocrate (PD) et du PDL de Silvio Berlusconi qui pourraient le rejoindre.

Son projet s'adresse à la nébuleuse du "nouveau centre", qui regroupe les ex-démocrates chrétiens et les laïcs proches du patron de Ferrari, fervents partisans depuis des semaines d'une "descente" dans l'arène du "Professeur", mais aussi à "toute la société civile".

Dans la rue, les réactions étaient plutôt positives : "Je pense que c'est l'unique personne qui puisse nous sortir du tunnel, même s'il doit nous demander pour cela des sacrifices", a expliqué Gianna, 43 ans à l'AFP-TV tandis que Paolo, 50 ans, a dit "fortement" espérer qu'il soit candidat. "Sinon, je ne saurai pas quoi faire aux élections".

Pour M. Monti, son "pas en avant gigantesque" s'explique par sa volonté de "ne pas détruire les durs sacrifices que les Italiens ont dû consentir".

M. Monti a aussi exprimé son "désarroi" face aux déclarations contradictoires du Cavaliere, 76 ans, qui a alterné ces derniers jours entre les louanges à l'égard du "Professeur" et les condamnations sans appel de l'action de son gouvernement.

"J'ai beaucoup de mal à suivre la linéarité de sa pensée", a noté M. Monti, dénonçant les critiques du Cavaliere sur un gouvernement "accroupi devant l'Union européenne" et sa proposition de supprimer l'impôt sur la résidence principale (IMU).

"Toute hypothèse de collaboration avec Monti est terminée", a rétorqué le secrétaire du PDL, Angelino Alfano, avant de confirmer que s'il remporte le scrutin, le PDL proposera de supprimer l'IMU.

M. Berlusconi dans une énième intervention télévisée dimanche a très directement attaqué M. Monti : "j'ai fait un cauchemar la nuit dernière, Monti était revenu au gouvernement", a-t-il dit, ajoutant que "tout est allé vers le précipice, l'opération Monti arrive d'Allemagne".

La possibilité d'une alliance paraît plus envisageable avec la gauche qui sera emmenée aux législatives par Pier Luigi Bersani, le chef du Parti démocrate, actuellement favori pour le poste de Premier ministre avec 30 à 35% des intentions de vote.

Alors que les sondages donnent un centre fédéré par Monti à seulement 15%, il pourrait être un Premier ministre de recours pour une "grande coalition" entre gauche et centre, si aucune majorité claire ne se dégageait au parlement.

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