François Hollande effectue mercredi et jeudi une visite d'Etat en Algérie, la première d'un président français de gauche. Un déplacement qui vise à relancer les relations entre Paris et Alger, ternies par les controverses liées à la colonisation française. Pour Kader Abderrhaim, toutefois, les Algériens sont désormais tournés vers l'avenir.
Quel est l'enjeu de cette visite ?
Elle est politiquement très symbolique. Il s'agit d'essayer de bâtir une relation bilatérale dans la durée, à l'abri des visscitudes politiques. François Hollande est le premier président français de gauche à effectuer une visite d'Etat en Algérie. Il aura la volonté de marquer fortement la nécessité que la relation entre les deux pays a besoin d'être apaisée. Et la dimension économique n'est pas à négliger. L'Algérie est très riche et a besoin de développer ses équipements collectifs.
Comment les Algériens perçoivent-ils François Hollande par rapport à son prédecesseur ?
L'image de Nicolas Sarkozy était très mauvaise en Algérie. On lui reprochait le traitement de la question migratoire, sa trop grande proximité avec Israël, son soutien à la guerre en Afghanistan... Hollande jouit de plus d'affection auprès de la population.
Faut-il s'attendre à des "excuses" sur la colonisation ?
Je ne crois pas que la population algérienne attende cela. Les gens sont tournés vers l'avenir, ils sont plus modernes en ce sens que leurs dirigeants. En revanche, le président Hollande va prononcer des paroles très fortes pour apaiser les relations compliquées qu'entretiennent les deux pays. Mais il ne s'agit pas de faire une course à la repentance, qui ne servirait à rien. Il faut regarder l'Histoire en face, l'écrire : c'est le rôle des Historiens, pas des politiques. En revanche, François Hollande ne va pas rencontrer la société civile, c'est regrettable. Il s'exprimera devant des étudiants, mais ils seront triés sur le volet.
La relation entre la France et l'Algérie est-elle amenée à se normaliser à l'avenir ?
Humainement, les deux pays sont liés. Deux millions d'enfants d'immigrés vivent en France. Sans oublier tous ceux qui, des pieds-noirs aux harkis, regardent l'Algérie avec un pincement au coeur. La France sait que le MAghreb, et l'ALgérie en particulier, sont des partenaires prioritaires, juste après l'Europe. Ils représentent des débouchés importants pour les entreprises françaises.