Allié politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Lieberman a été inculpé jeudi dans une affaire de fraude, mais blanchi dans une autre plus grave, à cinq semaines des élections législatives en Israël.
Cette décision de justice a aussitôt déclenché de la part de l'opposition des appels à la démission de M. Lieberman mais les avocats du ministre des Affaires étrangères, qui est le chef du parti ultra-nationaliste Israël Beiteinou, ont estimé qu'il n'avait aucune raison de se démettre.
De son côté, M. Netanyahu a "souhaité à M. Lieberman de réussir à prouver son innocence".
M. Lieberman a été mis en examen par le procureur général Yehouda Weinstein pour "abus de confiance et de fraude" après avoir fait promouvoir l'ex-ambassadeur israélien au Belarus, Zeev Ben Arieh, qui lui avait fourni des renseignements confidentiels sur une enquête de police menée contre lui dans ce pays à la demande de la justice israélienne.
"J'ai décidé de déposer un acte d'inculpation contre Lieberman pour avoir proposé au gouvernement en décembre 2009 de nommer l'ex-ambassadeur au Belarus dans un autre pays, malgré le fait que selon les preuves en notre possession, il savait que ce dernier avait commis une faute professionnelle en transmettant des informations secrètes, notamment des détails sur une enquête policière en cours contre Lieberman", selon un communiqué de M. Weinstein.
En revanche, une autre affaire sur le financement illégal des campagnes électorales de M. Lieberman à travers des sociétés écrans a été classée, a précisé le communiqué du procureur général.
"Après avoir examiné le dossier, je suis arrivé à la conclusion qu'il n'y a pas de preuves suffisantes pour l'inculper dans cette affaire et j'ai décidé de clore le dossier", a expliqué M. Weinstein.
Dans ce dossier, le ministre des Affaires étrangères était sous la menace d'une inculpation officielle pour "blanchiment d'argent, subornation de témoins, abus de confiance et fraudes", des chefs d'inculpation passibles de plus de dix ans de prison.
Alliance électorale avec Bibi
Les faits concernaient "plusieurs millions" de dollars et remontent à la période 2001-2008 au cours de laquelle M. Lieberman était député et détenait une série de portefeuilles ministériels (Infrastructures nationales, Transports, Affaires stratégiques).
M. Lieberman, numéro deux sur la liste électorale commune entre le Likoud de Benjamin Netanyahu et Israël Beiteinou, avait promis de démissionner s'il est inculpé dans ce dossier tout en rejetant les accusations portées contre lui.
Mais ses avocats ont rappelé que les faits qui sont reprochés à leur client ne justifiaient pas qu'il renonce à son poste.
Le commentateur juridique de la radio publique Moshé Negbi a estimé que M. Lieberman devrait partir mais le procureur général n'a pas donné de recommandation sur cette question.
L'opposition centriste et de gauche a appelé au départ du chef de la diplomatie.
Le Parti travailliste a dénoncé "le danger pour la démocratie israélienne si M. Lieberman ne démissionne pas" tandis que la nouvelle formation de l'ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni a exhorté M. Netanyahu "à respecter les normes juridiques en vigueur en Israël selon lesquelles un ministre inculpé doit démissionner".
Une démission de M. Lieberman pourrait provoquer un profond remue-ménage sur la scène politique à l'approche des législatives du 22 janvier 2013.
Le Likoud (droite nationaliste) de "Bibi" Netanyahu et Israël Beiteinou de M. Lieberman ont décidé le mois dernier de sceller une alliance électorale qui en font les favoris du scrutin. Israël Beiteinou, avec 15 députés, est l'un des piliers de la coalition de droite au pouvoir.
Les derniers sondages donnent 39 sièges à leur liste commune, assurant à l'actuel chef du gouvernement de pouvoir diriger la prochaine coalition.