L'ancien roi du Cambodge Norodom Sihanouk, qui a marqué l'histoire de la deuxième partie du XXe siècle en Asie et restait vénéré dans son pays, est mort lundi à Pékin à l'âge de 89 ans, a-t-on appris de sources officielles.
"Norodom Sihanouk est mort à Pékin", a rapporté l'agence de presse Chine nouvelle, en citant un haut-responsable.
L'ancien souverain vivait le plus clair de son temps dans la capitale chinoise depuis quelques années pour y suivre des traitements médicaux. Celui dont le règne a été l'un des plus longs d'Asie avait abdiqué en octobre 2004 en faveur de son fils Sihamoni, invoquant son âge et des raisons de santé.
Il avait souffert entre autres d'un cancer, de diabète et d'hypertension.
"Il avait des problèmes de coeur. Il déclinait très rapidement", a précisé à l'AFP l'aide personnel de Sihanouk, le Prince Sisowath Thomico. "C'est douloureux, je suis rempli de chagrin", a-t-il ajouté. "Le Roi Sihanouk n'appartenait pas à sa famille, il appartenait au peuple cambodgien et à l'Histoire".
Chine Nouvelle citait de son côté le vice-Premier ministre cambodgien Nhek Bunchhay.
"Notre ancien roi est décédé à 02H00 tôt ce matin à Pékin d'une cause naturelle", a-t-il déclaré. "C'est une grande perte pour le Cambodge. Nous sommes très tristes. L'ancien roi a été un grand monarque que nous respectons et aimons tous". Il a annoncé que le roi Norodom Sihamoni, fils de Sihanouk, et le Premier ministre Hun Sen se rendraient à Pékin lundi pour recevoir la dépouille et la ramener au Cambodge pour les obsèques officielles.
L'ancien monarque utilisait régulièrement son site internet pour s'exprimer, sur sa santé et sur les affaires politiques. En octobre 2009, il avait écrit qu'il avait déjà vécu trop longtemps et qu'il espérait mourir dès que possible. En janvier, il avait indiqué vouloir être incinéré et avoir ses cendres conservées dans une urne au palais royal de Phnom Penh.
Son décès survient le dernier jour des festivités annuelles de Pchum Ben au cours desquelles les Cambodgiens se retrouvent en famille et honorent les ancêtres.
"A première vue il n'y a pas forcément de raison d'être inquiet (pour l'avenir de la monarchie), parce que la transition est déjà faite avec Sihamoni, qui est donc le monarque en exercice", avait indiqué à l'AFP il y a quelques jours l'historien français Hugues Tertrais. Le pays est aujourd'hui tenu par le Premier ministre Hun Sen, au pouvoir depuis 1985 et accusé d'avoir complètement muselé l'opposition.